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Quartier décimé, quartier pauvre, souvent uniquement ramené à ce qui fut jadis, Centre-Sud est un endroit pas comme les autres auquel la documentariste et cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette et l’acteur et comédien Émile Proulx-Cloutier donnent vie sur les planches de l’Espace libre.

Sur la scène de La Chapelle, deux hommes s’affrontent dans un tournoi dont les règles, pourtant bien précises, finissent par être perverties selon le bon vouloir de l’arbitre. Et dans la salle, le public se prend au jeu. Du moins, pour un temps.

En repêchant les joueurs de la Ligue Nationale d’Improvisation (LNI), le directeur artistique et codirecteur général de l’Espace Libre, Geoffrey Gaquère a renoué avec l’esprit d’un des deux fondateurs du théâtre, Robert Gravel. Avec le retour de la LNI, du souper de filles à succès Table rase et de la comédie Lettres arabes, la saison 2016-2017 lancée à l’Espace libre le 18 avril dernier s’annonce tout aussi débordante.

Le départ. La déchirure. Le vide. Quand l’amour meurt, ne reste souvent que les souvenirs et la tristesse. Dans le cadre d’une création conjointe avec le Centre dramatique national de Haute-Normandie, l’Espace Go présente Les lettres d’amour, une mise en scène de David Bobée et des textes d’Évelyne de la Chenelière.

Cinq gars, cinq filles, trois planches de plywood. C’est tout. Pas de décors grandioses, pas de flafla. Juste l’essentiel. « Juste » des corps. On sent tout de suite que les dix acteurs en ont long à dire et qu’ils ne mettront pas de gants blancs jusqu’aux coudes. D’entrée de jeu, la voix de Jean Charest et une foule qui manifeste. Ça vous rappelle quelque chose?

« L’éternel retour est une idée mystérieuse et, avec elle, Nietzsche a mis bien des philosophes dans l’embarras: penser qu’un jour tout se répétera comme nous l’avons déjà vécu et que même cette répétition se répétera encore indéfiniment ! » C’est sur cette phrase marquée par le concept de l’éternel retour que Milan Kundera introduit L’insoutenable légèreté de l’être. Nombre de récits, d’histoires, de mythes peuplent notre imaginaire collectif d’une pléthore de variations plus ou moins optimistes sur l’idée de cette réincarnation, de cette résurrection différée, de ce retour implacable, inéluctable, interminable. Là où Kundera pose la question de la légèreté ou de la lourdeur, cependant, Félix-Antoine Boutin – qui signe à la fois le texte et la mise en scène d’Un animal (mort) – s’attaque plutôt à celle de la violence ou de la douceur.