Sur la scène de La Chapelle, deux hommes s’affrontent dans un tournoi dont les règles, pourtant bien précises, finissent par être perverties selon le bon vouloir de l’arbitre. Et dans la salle, le public se prend au jeu. Du moins, pour un temps.
Plyball, donc. Une mise en scène de Gabriel Plante portant sur la lutte contre les cadres créés par la société, des cadres et des règles souvent repris volontairement par la population, et ce même si elles peuvent sembler injustes. Quelle autre solution, sinon l’anarchie totale?
Mais bon, affirmer une telle évidence relève pratiquement de la lapalissade. Et cela n’aide en rien que cette dualité entre l’ordre et le chaos ait déjà fait l’objet d’une multitude d’adaptations culturelles, y compris au cinéma et au théâtre. Pour soutenir son argument, M. Plante nous oppose deux joueurs de Plyball qui s’adonneront à une série de rondes de ce sport mêlant balle au mur et squash. Une arbitre finira par s’imposer, puis modifier le fonctionnement de la partie selon ses désirs du moment, pour finir par demander au public (lui-même séparé en fonction des préférences des spectateurs pour l’un des deux joueurs) de superviser le match. S’ensuivra bien sûr une confusion certaine et une morale finale.
En matière de lutte contre un système tyrannique, on a franchement déjà vu mieux. Plyball est franchement loin de la perversion du système qu’était The Experiment, par exemple, ou les expériences menées en laboratoire où des participants ont faussement électrocuté des comédiens à mort. Sans attaches émotionnelles à l’un ou l’autre des joueurs, le spectateur ne s’investit aucunement dans le déroulement de la pièce, et les seules personnes qui semblaient prendre un véritable intérêt envers la partie semblaient être les proches et les amis des deux comédiens.
Autre pierre d’achoppement, chaque ronde d’une durée de 2 minutes 30 ne comportait qu’une description sommaire du match par l’arbitre, sans aucune musique d’accompagnement, ni dialogue. À raison de plus d’une dizaine de ces rondes, on en arrive à près d’une trentaine de minutes où il ne se passe pratiquement rien. Pour une pièce d’une durée d’environ une heure, on coupe rapidement dans le contenu.
Plyball est donc une tentative ratée de faire prendre conscience du conflit inhérent au sein de toute société structurée. Les règles existent pour une raison, mais leur utilité et leur sens sont trop souvent pervertis par les puissants. Et si les citoyens s’en mêlent, rien de permet de prédire que le résultat sera meilleur qu’à l’origine.