Marie-Claude Blouin
« Je t’ai presque quitté à cause de la plus stupide des idées reçues : je croyais que l’amour serait une chose facile. » Une chose facile, l’amour?
À voir ce corps à corps violent des deux amoureux dès les premiers instants de la pièce, on ne dirait pas… Bien des qualificatifs nous viennent à l’esprit en les regardant, mais certainement pas celui-là!
Un homme et une femme qui luttent passionnément l’un contre l’autre (ou l’un avec l’autre?) dans une danse sensuelle empreinte de douceur et de brutalité à la fois. C’est chargé d’émotions et on sent tout de suite qu’ils en ont vécu des choses ensemble, des bonnes comme des moins bonnes. Elizabeth va bientôt partir et le couple se remémore des souvenirs depuis leur rencontre jusqu’à aujourd’hui, le moment où leur histoire d’amour tire tristement à sa fin. Les deux complices sont soudés par tout ce bagage qui unit ceux qui ont traversé une foule d’épreuves qui les ont rendus plus proches que jamais, presque indissociables.
Le spectateur est invité à entrer dans leur bulle intemporelle où s’entremêlent des bouts de vie tantôt joyeux et tendres, tantôt plus sombres. Le jeu des acteurs (Xavier Mailleux et Sophie Martin) est très convaincant et ceux-ci nous transportent d’une émotion à l’autre avec justesse, en toute intimité. Le décor épuré laisse toute la place à la performance des deux comédiens et permet de plonger directement dans leur intériorité, sans détours ni distractions. Des murs tapissés de photos témoignent des années qui sont derrière, et la goutte d’eau qui tombe rappelle le temps qui passe, parfois beaucoup trop vite, alors qu’on souhaiterait pouvoir l’arrêter ne serait-ce qu’un instant.
Te tenir contre moi est une traduction de Xavier Mailleux de la pièce du dramaturge néo-zélandais Gary Hendersen. Elle est présentée par le Théâtre L’instant jusqu’au 14 mai au Prospéro.