Peut-être que The Last of Us, Part 1, version PC, est un excellent jeu. Peut-être que les développeurs de chez Naughty Dog ont réalisé un tour de force et réussi à moderniser à la fois les visuels et les mécaniques de ce titre d’abord sorti en 2013 sur… PlayStation 3. Mais il ne sera jamais possible de le savoir.
Parce que ce titre, lancé à la fin mars de cette année, dans la foulée de la fin de la première saison de la télésérie du même nom diffusée sur HBO, est l’un des pires exemples de cette culture viciée, voire carrément pourrie, consistant à engloutir des millions de dollars dans le marché du jeu sur PC tout en offrant des adaptations de jeux pour console dont la qualité ne mérite même pas le terme de médiocre.
Nous – les amateurs de jeux vidéo sur ordinateur – n’en demandions pourtant pas tant : simplement une adaptation, avec les visuels de l’époque, du jeu original, dans les deux ou trois ans suivant la première sortie, en 2013. La folie des zombies était alors déjà terminée, mais les joueurs auraient certainement accepté d’y replonger, histoire de vivre les aventures de Joel et Ellie, si encensées chez les joueurs sur console.
Au lieu de cela, on a fait patienter le public sur PC pendant 10 ans, le temps de sortir non seulement la suite du jeu, mais aussi deux versions remasterisées sur PlayStation, une sur chaque génération de console de chez Sony sortie depuis le premier titre.
Et voilà qu’on nous offre cette version excessivement bâclée, avec une performance catastrophique et des mécaniques de jeu vieilles d’une décennie, en ayant l’audace, en plus, de réclamer 70 $. Oh, les visuels sont certainement jolis, mais qui veut vraiment tout sacrifier sur l’autel de la véracité, avec une orgie de pixels dans la barbe de Joel, ou ces zombies champignonesques présentés en ultra haute définition?
Qui veut se faire indiquer, à l’aide d’une estimation rapide, qu’il faudra attendre plus d’une heure pour que le jeu définisse au mieux le processus de rendu graphique, afin d’améliorer l’expérience de jeu, même en abaissant les détails au plus bas niveau de fidélité?
Qui a envie, pour rire – parce qu’il faut bien en rire, tellement la chose est ridicule et absurde –, de calculer la taille totale des mises à jour proposées depuis le lancement afin d’améliorer la stabilité du jeu, et d’arriver à près de 150 gigaoctets, en plus des 100 gigaoctets exigés dès le départ, pour installer le tout?
Il est pourtant possible de bien adapter un jeu console sur PC. Et c’est même possible chez Sony : la déclinaison de 2018 de God of War, transposée l’an dernier, était magnifique et fluide.
Devant cette catastrophe qu’est The Last of Us, qui s’ajoute à l’horreur qu’était Uncharted : Legacy of Thieves Collection, c’est à se demander si les gens chez Naughty Dog aiment encore leur travail, ou s’ils souhaitent seulement amasser le plus d’argent possible avant de détruire le peu de réputation qui leur reste. De la part d’un développeur soit-disant AAA, la chose fait pitié à voir.
The Last of Us, Part 1
Développeur : Naughty Dog
Éditeur : PlayStation PC
Plateforme : Windows (testé sur Steam)
Jeu disponible en français