Qu’ils sont beaux! Qu’ils sont beaux et admirables, ces vieux, ces aînés, ces gens ayant une tonne de vécu… Bref, qu’elles sont belles et inspirantes, ces personnes ayant accepté d’être rencontrées par Jacques Nadeau, ancien photographe émérite du Devoir, qui propose ici des dialogues avec ceux dont le coeur et l’esprit sont toujours vifs, après toutes ces années.
Qu’ils aient vécu devant les caméras ou de façon plus discrète, voire parfois à l’abri des regards, ces individus, parfois présentés en quelques lignes seulement, ou sur de nombreuses pages, ont tous quelque chose de merveilleux.
Certes, ils ont tous et toutes en commun le fait d’avoir davantage d’années au compteur que celles qu’ils pourront encore écouler sur cette terre, mais au-delà de cette question de notre inévitable destin collectif, l’intérêt de ces Vénérables – puisqu’il s’agit du titre du recueil publié aux éditions Cardinal, après tout – consiste à varier les points de vue, varier les visions du monde.
Il ne s’agit donc pas, ici, de clamer que ces « vieux » ne servent plus à rien, ou, au contraire, qu’on les ostracise inutilement en se privant d’une sagesse inouïe; chaque personne interrogée a son propre point de vue sur cette question, et il est donc important de rappeler que le sens de l’existence est une caractéristique unique à chaque individu.
Il s’agit plutôt d’écouter ces gens qui, bien souvent au crépuscule de leur existence, se permettent un pas de recul. Ne serait-ce que pour reprendre un peu leur souffle après une vie bien remplie. Qu’ils soient heureux, apaisés, amers, tristes, optimistes, l’esprit toujours vif ou les sens un peu embrumés… Ou, fort probablement, un mélange de tout cela, la vie n’étant pas une série de noirs et de blancs, mais plutôt un amalgame de teintes de gris.
Au moment où tout semble s’effriter, où nos existences défilent à un rythme infernal, où nos espoirs d’un monde meilleur sont régulièrement balayés sous le tapis par des gens dont la vie ne semble que s’articuler autour de l’idée de l’accumulation de richesse, de l’amalgamation du pouvoir et de l’imposition de la cruauté pour le simple plaisir de la chose, Vénérables nous rappelle qu’il y a bel et bien quelque chose à aller chercher, au bout du chemin: une certaine sérénité, si tant est que cela soit possible.