Jamais deux sans trois? Deux ans après Hypercube, qui est certainement un film, voilà que le public a eu droit à Cube Zero, un antépisode datant de 2004 réalisé et scénarisé par Ernie Barbarash. Avec, à la clé, une première sortie « hors du Cube » et quelques explications sur le fonctionnement de cette machine infernale.
Déjà, pour cet antépisode, les décors sont largement différents, non seulement par rapport au film original, mais surtout en comparaison d’Hypercube. Fini, l’aspect « futuriste » circa début des années 2000; voilà plutôt un cube aux accents industriels particulièrement prononcés, avec de la tuyauterie, des chaînes, un côté très métal, voire quasiment vintage. Un excellent choix, en somme.
Idem pour la salle de contrôle, où nous rencontrerons une partie de nos protagonistes: on y trouve deux individus qui travaillent comme simples techniciens, remplissant ici un rapport, appuyant là sur des boutons. Et à l’intérieur du Cube, nous avons notre assortiment habituel de prisonniers, y compris une femme impliquée en politique, et qui semble donc avoir été envoyée à la mort en raison de son militantisme.
Lors des nombreuses scènes se déroulant dans la salle de contrôle, on développe davantage cette idée de « bureaucratie hors de contrôle » qui avait été évoquée par le personnage de David Hewlett, dans le premier film: la machine administrative s’est emballée, et elle poursuit sa course aussi folle que mortelle en raison de tous les petits rouages qui ne font que « suivre les ordres ». D’autant plut que si l’on pose trop de questions, on finira par se retrouver à l’intérieur du Cube, condamné nous aussi à la peine capitale.
Outre ce mélange de l’oeuvre En attendant Godot, pour le côté absurde de la chose, et de la bureaucratie totalitaire de n’importe quel régime fasciste digne de ce nom, nos personnages sont aussi confrontés à une série de nouveaux pièges. Oh, bien sûr, on retrouve ce bon vieux lance-flammes, qui était présent dans Cube, ou ces lames tranchantes, mais on a également droit à des liquides contenant des bactéries qui dissolvent très rapidement la chair humaine, des injections létales, voire même des ondes mortelles. Le tout accompagné d’une bonne dose de fluides corporelles et de gore. Parfait pour ramener le côté horreur de la série à l’avant-plan.
Cependant, malgré tous ces nouveaux aspects fort appréciés, Cube Zero se heurte aux limites imposés par ses propres moyens: après tout, l’idée des « gardes » de la prison qui sont eux aussi des prisonniers est vieille comme le monde, et on comprend rapidement que les sous manquaient pour offrir de meilleurs décors, ou encore de meilleurs acteurs. On croirait presque, en fait, écouter un épisode d’une anthologie télé de science-fiction. Du genre « le monde dystopique de la semaine », plutôt qu’un film.
Soulignons aussi que la fin de Cube Zero, où l’un de nos personnages principaux est amené à ressembler à l’un des membres de la distribution du premier film, probablement dans le but de boucler la boucle, est superflue, voire même agaçante.
Malgré ses défauts, Cube Zero a certainement la main plus heureuse que son prédécesseur, et représente une exploration intéressante d’un monde dystopique où l’emprisonnement est non pas synonyme de peine à purger, mais plutôt de mort garantie. Et dans le contexte actuel, les cinéphiles pourraient peut-être y trouver un signe avant-coureur inquiétant.