Dans une prison nouveau genre, cinq personnes devront faire équipe pour tenter d’échapper à la mort, mais aussi à eux-mêmes. Sorti en 1997, Cube, un long-métrage canadien de science-fiction et d’horreur, continue d’occuper une place importante dans l’imaginaire cinématographique, malgré un certain essoufflement à mi-parcours.
Bienvenue en prison, donc. Enfin, ce qui ressemble à une prison: les gens qui s’y retrouvent portent tous des vêtements similaires avec leur nom écrit sur le côté gauche de leur poitrine. Mais contrairement à un pénitencier traditionnel, cette fois, des pièges mortels sont disséminés un peu partout. Et même une petite erreur peut être fatale.
Pour tenter de survivre, donc, nos personnages utilisent plusieurs tactiques, notamment tenter de déclencher lesdits pièges en lançant d’ailleurs une botte à l’intérieur d’une nouvelle salle, histoire de voyager entre ces pièces cubiques toutes identiques, à l’exception de leur couleur.
Bien rapidement, toutefois, on constate que cette technique ne fonctionne pas, et il faudra plutôt se fier aux nombres inscrits dans les couloirs reliant les différents cubes. Et pour ce faire, la collaboration de tous sera nécessaire.
Mais voilà, justement, là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie: autant Cube marquait l’imaginaire avec ses pièges, autant le film est surtout un examen philosophique de la vie en société, avec une médecin complotiste, une étudiante en mathématiques un peu naïve, un policier colérique, un spécialiste de l’évasion imbu de lui-même, un ingénieur blasé coincé dans une machine bureaucratique gigantesque, et une personne atteinte de ce qui semble être un trouble de l’autisme sévère.
Rapidement, les relations entre nos personnages se détériorent et les tensions montent, alors que sortir du Cube devient de plus en plus urgent. Sans eau ni nourriture, après tout, le corps humain ne peut survivre que quelques jours… Et n’oublions pas le risque constant de se tromper et d’atterrir dans une pièce piégée.
Voilà sans doute là où Cube est le plus efficace: en s’aidant d’éléments du décor, notamment les couleurs des différents cubes, et qui deviendront d’ailleurs de plus en plus sombre, à mesure que la santé mentale et la cohésion du groupe iront en se détériorant, le film est un examen de la condition humaine. Certes, il existe, au sein du groupe, suffisamment d’éléments pour assurer la survie de tous, mais la méfiance, la colère et la culpabilité seront autant d’obstacles à la rédemption des uns et des autres. Avec, d’ailleurs, cette question éternelle: pourquoi sont-ils prisonniers du Cube?
Cube est un film qui fait beaucoup avec peu de moyens. Les différents personnages sont à la fois de parfaits compléments et repoussoirs les uns pour les autres, et les dialogues sont particulièrement bien écrits, ce qui permet de franchement apprécier un film qui n’est en fait qu’une succession de pièces identiques, mais dont la couleur de l’éclairage varie.
Pourtant, même avec seulement 90 minutes au compteur, le long-métrage s’essouffle parfois, y compris à mi-parcours. On a l’impression que l’équipe derrière le scénario (trois personnes, y compris le réalisateur, Vincenzo Natali) est parfois à court d’idées. Il faut dire que sans rien à offrir visuellement de plus que des couleurs changeantes et des pièges à l’occasion – ceux-ci disparaissent d’ailleurs largement de la deuxième moitié du film –, tout le film repose sur les dialogues, justement.
Ajoutez à cela des effets de caméra franchement vieillots, qui tiennent davantage du vidéoclip de musique alternative que du long-métrage professionnel, et vous obtenez parfois des temps morts un peu agaçants.
Fort heureusement, Cube est, malgré ses travers, un très bon film exploitant cette peur d’une machine aussi humaine qu’artificielle, une prison abstraite, mais que l’on imagine tout à fait nos congénères être capables de construire. D’ailleurs, le très bon The Platform reprenait une formule similaire. Ce journaliste évoquait justement, dans sa critique de l’époque, la structurelle terrifiante du Cube…