Dans son incessante quête monétaire, Hollywood nous prend dans ses vieilles habitudes entre les suites inutiles, les remakes et les reboots alambiqués, ainsi que les prequels qui n’apportent rien de plus à l’univers qu’ils devraient enrichir. Faisant partie de la dernière catégorie nommée, A Quiet Place: Day One fait la même chose qu’avant, avec un concept jadis un tant soit peu inspirant, mais le résultat n’est pas vraiment mieux que l’original.
Si John Krasinski est toujours derrière la franchise qui l’a révélé comme réalisateur, s’en tenant à l’histoire et à la production, il a cette fois confié la réalisation à Michael Sarnoski, un habitué des univers complexes dont on ne révèle pas grand chose, comme en faisait foi son précédent film Pig.
Ramenant ses collaborateurs, de la direction photo au montage, ainsi qu’à la musique (qui ne parvient pas à la cheville de Marco Beltrami, malheureusement), en plus d’offrir à nouveau un rôle à Alex Wolff, Sarnoski a ainsi pris le projet des mains de Jeff Nichols, qui ne serait pas venu à s’entendre avec l’équipe (et qui nous a offert le bien plus satisfaisant The Bikeriders, par ailleurs).
Le résultat ainsi offert saura probablement satisfaire les fans de la première heure, mais en rien n’apporte quelque chose de plus dans un concept qui montre depuis longtemps ses limites en plus de transgresser régulièrement sa propre logique.
Disons que l’ouïe surdéveloppée, mais sélective, de ces extra-terrestres aveugles suscite des questionnements, notamment lors de situations où nos personnages, en prenant un grand nombre de décisions douteuses, ont le droit de parler ou non, de faire du bruit ou non.
Michael Bay est également encore de la partie, prêt à s’assurer que le film a assez d’explosions et de moments d’action qui ne font pas de sens. Mieux, comme on connaît déjà le concept et l’univers, bien qu’on retourne au tout début, on en profite pour nous en montrer encore plus qu’avant.
Ainsi, pour ceux qui étaient déçus de ne pas assez voir les créatures par le passé, soyez assurés qu’on les voit sous tous les angles, cette fois (avec maintes références directes et indirectes à Alien), le tout en grand nombre. Il y a d’ailleurs une scène qui devraient nous apporter des réponses, mais qui semble au contraire livrer plus de questionnements prêts à être développés dans on ne sait combien de suites à venir.
Encore plus incroyable est l’intelligence dont font preuve à la fois lesdites créatures, mais aussi les humains qui, en moins de quelques heures, comprennent assez rapidement tout ce qu’il y a à savoir, alors qu’il leur avait précédemment fallu au moins deux film, auparavant, pour parvenir aux mêmes conclusions. Dieu merci, l’eau existe, ainsi que les éclairs et son ami le tonnerre.

On a beau avoir amené la toujours très dévouée Lupita Nyong’o (qui a su montrer ses capacités horrifiques auprès de Jordan Peele dans Us et ses capacités de survie dans le trop peu vu Little Monsters), mais c’est plutôt pour ses capacités dramatiques qu’on semble l’avoir préférée, comme dans 12 Years a Slave, qui lui a valu son Oscar.
Au-delà de plusieurs jump scare gratuits, on essaie après tout de nous tirer des larmes à plusieurs reprises, en plus d’une amitié / intérêt amoureux impromptu via le personnage de Joseph Quinn.
Sauf que pour Krasinski, qui vient d’ailleurs de réaliser son premier film familial, tout est question de famille et personne ne se surprendra que même si on change de protagonistes, tout en ramenant le personnage de Djimon Hounsou de la deuxième partie, pour ne pas trop dépayser, le leg familial est encore au coeur de l’histoire qui nous intéresse, comme en fera foi la finale de nouveau lourde en sacrifices.
Y a-t-il vraiment assez de contenu, dans cette histoire, pour nous captiver alors qu’après tout l’audacieuse introduction du deuxième volet nous avait déjà offert un « premier jour »?
Disons que cette quête aux quatre coins de la ville auprès d’un personnage principal mourant et de son chat fidèle (probablement le plus calme que vous n’avez jamais croisé, qui ne miaule ni ne ronronne jamais, ce qui est super pratique vu les circonstances) s’enfonce continuellement dans les questionnements les plus valables à essayer de comprendre les raisons du pourquoi.
Enfin, peut-être qu’en clin d’oeil au film précédent de Krasinski, la nourriture est encore partie intégrante de la trame narrative. Comme quoi, si la pizza était une marque, ce serait le placement de produit le plus intense depuis des lustres.
Pour le reste, A Quiet Place: Day One divague entre ses prédécesseurs, plusieurs oeuvres de référence comme The Mist et le brillant Cloverfield (toujours inégalé), parmi d’autres films de catastrophe et de survie, tout en ne pouvant s’empêcher de nous faire revivre le cauchemar du 11 septembre, New York oblige.
Comme quoi on partait de l’ingénieuse idée d’assourdir l’une des villes les plus bruyantes du monde (les faits énoncés en ouverture sont assez directs sur les intentions), sauf qu’au final, on nous fait seulement revivre ce qu’on a vécu tant de fois, le War of the Worlds de Spielberg inclus.
4/10
A Quiet Place: Day One prend l’affiche en salle ce vendredi 28 juin.