Il y a quelques semaines, les éditions Boréal publiaient un nouvel ouvrage de Brigitte Vaillancourt, intitulé Droit vers le soleil. À certains égards, on pourrait qualifier ce texte de roman initiatique. Mais alors que ce type de récit met habituellement en scène un personnage qui n’est pas encore adulte, l’héroïne, ici, a franchi le cap des quarante printemps, elle vit une relation de longue durée et elle est mère de deux enfants. À quoi s’initiera-t-elle? À la liberté sexuelle.
Alors que son conjoint fait mijoter un poulet artichauts à feu doux, c’est un brasier interne qui la consume. Elle ressent le besoin irrépressible de connaître d’autres mains, de posséder d’autres corps, d’accumuler les orgasmes. Pourquoi s’en priverait-elle, au nom de quelle règle? En toute honnêteté, elle propose à son conjoint un mariage ouvert. Celui-ci ne dit pas non, mais en fin de compte, le couple ne sera véritablement ouvert que d’un seul côté : celui de la femme.
Le récit est écrit à la première personne, dans un style simple, avec quelques accents de poésie qui sont les bienvenus. En faisant de multiples allers-retours entre le passé et le présent, la narratrice tente-t-elle d’expliquer au lecteur son cheminement, ce qui l’a amené à cette croisée des chemins. Cherche-t-elle une justification au risque qu’elle fait courir à son couple? Sans doute se rend-elle compte que ses choix peuvent l’amener tout droit dans le mur. Devant ce qui semble une évidence, le lecteur est tout de même en droit de se poser la question suivante : puisque l’amant n’est à aucun moment nommé par son nom, toute cette histoire n’est-elle pas que le fantasme de la narratrice?
Tout compte fait, sommes-nous en présence d’une Madame Bovary moderne? Peut-être pas. Mais brasser quelques idées reçues au milieu du conformisme ambiant, c’est parfois rafraîchissant, sans nécessairement offrir un récit qui nous tienne en haleine.