Réflexion troublante quant à la réalité actuelle de la fidélité, Permission arrive en DVD et ne manque pas de panache dans sa façon de développer avec grand réalisme les doutes qui peuvent mettre en péril les couples de longue durée.
Rebecca Hall a tourné avec énormément de grands cinéastes, mais dans sa dernière mégaproduction, elle côtoyait les blagues de flatulence pour Steven Spielberg. Disons qu’en contrepartie, sa carrière plus « indépendante » a davantage gagné en prestige, surtout avec sa performance fort remarquée dans le mésestimé et trop peu vu Christine. L’intrigant Permission se classe donc dans cette belle catégorie de productions passées sous le radar et il s’amuse à tenter de déchiffrer les complexités du couple moderne.
Vous l’aurez compris, bien que vendue comme une comédie romantique typique, cette proposition écrite et réalisée par Brian Crano flirte bien plus avec le drame, surtout au fur et à mesure que les dilemmes et les fossés s’agrandissent.
C’est que Anna n’a connu que Will et alors qu’ils sont sur le point de s’engager dans l’union du mariage pour le reste de leur vie, le copain de son frère leur fait comprendre qu’il serait peut-être bien d’aller voir ailleurs pour savoir s’ils ne sont pas en train de ruiner entièrement leur vie sentimentale, amoureuse et sexuelle en n’ayant rien connu d’autre.
Ce qui apparaît comme une remarque déplacée au départ, lancée à l’improviste après quelques verres en trop, devient rapidement une obsession pour tous, les poussant dans une nouvelle quête de désirs. Se remettant en cause, se demandant si leur couple est au meilleur de sa forme, si tout va aussi bien qu’au début, si tous leurs désirs sont satisfaits, leurs émotions passant carrément au tordeur.
Le hic toutefois, c’est que le film n’a pas grand-chose de nouveau à dire ou à proposer et que son rythme et sa tonalité, malgré sa courte heure et demie, dépassent rapidement ses propres capacités avant de tournoyer sur lui-même dans un sentiment d’ennui. Rebecca Hall s’était offerte corps et âme dans le magnifique Tumbledown qui en parallèle d’amours frivoles et passionnels, questionnait également l’essence même de l’art. Et si elle a beau livrer une performance des plus honnêtes ici, en plus de toucher encore plus ou moins à la musique sans développer cet aspect, et que Jason Sudeikis, son partenaire du film cité précédemment, vient également ponctuer quelques scènes de sa présence fortuite, elle n’a pas les flammèches nécessaires avec le limité Dan Stevens ni même avec notre François Arnaud national qui se débrouille encore très bien à jouer les séducteurs.
De plus, le film ne se contente pas de se concentrer uniquement sur le couple principal, mais il tisse également les déboires de celle de son frère qui aimerait bien avoir un enfant, démontrant les troubles de deux couples sans qu’on ne parvienne vraiment à y comprendre tous les liens et les justifications de constamment nous les juxtaposer. Cela a été fait de manière bien plus convaincante, comme dans le brillant Jack Goes Boating de feu Philip Seymour Hoffman, qui marquait l’ascension et la chute de deux couples avec charme et poésie.
Permission est donc une proposition plus ou moins rafraîchissante dans sa façon de ne pas faire de concessions dans la réalité très actuelle qu’elle dépeint. Dommage toutefois que son charme coupe rapidement court et que malgré sa finale plus ou moins surprenante, elle n’arrive pas à contenir assez longuement notre intérêt pour s’y rendre sans sourciller.
5/10
Permission est disponible en DVD via PNP et TVA Films dès le 27 mars.
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