Émerveiller, mais aussi éduquer: voilà sans doute le double objectif de l’exposition Rouge 2100, inaugurée lundi au Planétarium de Montréal. Petits et grands sont conviés à découvrir ou redécouvrir la Planète rouge, tout en faisant connaissance avec des figures marquantes du progrès scientifique lié à l’exploration spatiale.
En quelques salles, l’institution sise au Parc olympique propose un rapprochement entre la science et l’émerveillement. En collaboration avec le Cirque Éloïze, on a ainsi voulu unir l’exploration spatiale, généralement froide et minutieuse, et le côté fantastique de la découverte d’un nouveau monde, cette voisine de la Terre sur laquelle tant de choses ont été écrites, du dieu de l’Antiquité aux présumés canaux, en passant par la science-fiction réaliste de Kim Stanley Robinson et les patates d’Andy Weir dans The Martian.
De l’autre côté du continent, en Californie, l’ingénieure Farah Alibay, qui a notamment fait parler d’elle en collaborant au pilotage d’un hélicoptère sur Mars, avec la NASA, et qui a ici servi de muse scientifique pour l’exposition, confirme que l’oeuvre a cherché à combiner ces deux perspectives.
« Quand on parle de l’exploration de Mars, il y a vraiment deux grands messages qui sont présentés: premièrement, oui, on est déjà là, on envoie nos robots, on essaie de comprendre Mars, Mars ressemble à la Terre, c’est une planète qui est fascinante. Si nous, en tant qu’humanité, on souhaite devenir une société interplanétaire, Mars, c’est l’endroit où aller. »
« Mais ce qu’on présente, dans l’exposition, c’est que ce n’est pas si simple que cela. Mais on s’entend qu’en unissant l’humanité, on pourrait résoudre ces problèmes-là. C’est aussi un appel, pour dire qu’on a besoin d’aide, qu’on a besoin d’imagination, qu’on a besoin de tous s’unir pour pouvoir peut-être résoudre ces problèmes. Il y a une centaine d’années, si on avait dit aux gens qu’on se rendrait sur la Lune, on aurait eu l’air fou… », a poursuivi Mme Alibay.
« C’est important de montrer aux gens que ce n’est pas si simple que ça, mais que c’est possible. Et je crois qu’il est nécessaire d’indiquer que c’est complexe, parce que des fois dans les médias, on peut entendre que Mars pourrait être un plan B, qu’on pourrait aller s’y établir s’il se passe quelque chose sur la Terre… Je pense que c’est important de dire que non, ce n’est pas si simple que cela. Mars est une planète hostile, ce n’est pas un environnement où l’on aimerait vivre à très long terme. »
La Terre, une planète unique
De l’avis de Farah Alibay, d’ailleurs, l’un des objectifs de l’exposition Rouge 2100 consiste à faire prendre conscience du fait que notre planète est spéciale. Il s’agit du seul monde, sur les milliers découverts jusqu’ici par divers télescopes spatiaux, à posséder non seulement les conditions idéales pour l’apparition de la vie, mais aussi le seul qui abrite justement des formes de vie… y compris l’humanité.
Voilà sans doute le plus important message de Rouge 2100: on a beau souhaiter se rendre sur Mars le plus rapidement possible, à l’instar d’un certain homme d’affaires, cela ne donnera rien si notre planète originelle devient un enfer surchauffé et surpollué. Cela n’est pas pour rien, d’ailleurs, que la dernière salle de l’exposition appelle à la réflexion: et si nous trouvions de la vie, sur Mars? Que ferions-nous?
Et puisque l’occasion était idéale pour ce faire, Farah Alibay a aussi profité de l’organisation de cette exposition pour mettre de l’avant la contribution de six femmes à l’avancement de la science, en lien plus ou moins direct avec l’exploration spatiale. Des femmes dont l’apport a souvent été oublié, volontairement ou non, ou relégué aux oubliettes de l’histoire. « On m’avait proposé cinq emplacements possibles, j’ai dû négocier pour en avoir six, même si je voulais en mettre 30! », a ainsi lancé l’ingénieure, lors de la conférence de presse entourant l’inauguration de l’exposition.
Comme quoi il est effectivement plus qu’important de régler nos propres problèmes, ici sur Terre, avant de les exporter ailleurs dans le système solaire.