Les cinéphiles québécois poursuivent leur retour vers les salles obscures, alors que l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) évoque une nouvelle année de croissance du nombre de spectateurs fréquentant les cinémas. Cependant, il y a également une ombre au tableau, trois ans après l’éclatement de la pandémie de COVID-19.
En effet, les données publiées plus tôt cette semaine par l’organisation gouvernementale indiquent que si le nombre de spectateurs québécois a dépassé les 14 millions, l’an dernier, pour même approcher les 15 millions, en hausse d’environ trois millions comparativement à 2022, il s’agit tout de même d’un manque à gagner d’environ quatre millions d’entrées par rapport aux résultats de 2019, soit avant que la pandémie ne force une fermeture des salles pendant plusieurs mois, en 2020, puis en 2021.
Comme l’indique l’ISQ, ce « retard » est d’environ 13%. Et les résultats pour 2019 ne représentent pas non plus un pic en matière de fréquentation: il faudrait plutôt retourner jusqu’en 2015, lorsque 20,1 millions d’entrées ont été comptabilisées.
S’il est évident qu’il n’est plus possible d’imputer cette fréquentation quelque peu moribonde aux mesures sanitaires du gouvernement, celles-ci ayant été entièrement levées depuis belle lurette, l’ISQ n’offre pas de réponse précise pour expliquer cette lente reprise.
L’organisme évoque cependant « la baisse du nombre de cinémas actifs », au Québec, soit de 96, en 2019, à 93, l’an dernier, ainsi que les changements dans les habitudes de consommation des films comme autant de facteurs ayant eu un impact sur ce phénomène.
De fait, l’écoute de films à la maison, que ce soit en format physique, ou encore via des services de diffusion en ligne, services qui ont connu un fort regain de popularité au plus fort de la pandémie, peut effectivement avoir convaincu plus d’un cinéphile à ne plus se rendre dans une salle pour écouter un long-métrage. D’autant plus que le choix est plus vaste, sur le web, et que les prix, même pour des nouveautés relativement récentes, sont moindres lors d’un visionnement chez soi. Sans compter le fait d’éviter de multiples publicités, de ne pas avoir à se déplacer, payer le gros prix pour des collations, etc.
Des films québécois populaires
Malgré cette croissance au ralenti, l’ISQ affirme que le cinéma d’ici se porte bien.
Ainsi, « la part de marché des films québécois dans les entrées en salle s’établit à 12% au Québec en 2023 (9% en 2022 et 8% en 2019) », mentionne-t-on dans la note d’information.
Le film québécois Le temps d’un été, réalisé par Louise Archambault, est arrivé à la 16e place du palmarès des entrées en salle en 2023. Quatre autres films se sont classés parmi les trente films les plus vus, soit Testament (22e), Les hommes de ma mère (23e), Katak, le brave béluga (24e) et Ru (27e), indique encore l’ISQ.
Au total, le nombre de cinéphiles ayant visionné un film québécois en 2023, soit 1,8 million, a été en hausse de 76% par rapport à 2022, et même en croissance de 19% comparativement à 2019, avant la pandémie.