Vieille, aigrie, confrontée à un système qui non seulement ne l’écoute pas, mais oeuvre activement pour l’empêcher de fonctionner normalement: la grand-mère jouée par l’actrice Dale Dickey, surnommée The G, vit des heures difficiles. Mais sa vengeance ne va pas tarder.
Réalisé par Karl R. Hearne, et diffusé dans le cadre du festival Fantasia, The G est une histoire de rancoeur, de remords et de violence un peu tarabiscotée. Il y a d’abord la grand-mère en question, une femme alcoolique particulièrement usée par la vie qui habite dans un petit condo en compagnie de son mari mal en point.
Il y a ensuite la petite-fille, enfin, la belle-petite-fille, coincée dans une existence désagréable et forcée de continuer d’habiter chez sa mère et son beau-père (qui est le fils du mari de notre grand-mère…). N’oublions pas non plus notre homme d’affaires véreux, le propriétaire d’une série de résidences pour aînés où les « pensionnaires » sont gardés de force, à la suite d’une entente avec un médecin, tout aussi véreux, pour convaincre le tribunal que ces aînés sont inaptes et qu’ils doivent être « placés ».
Et une fois installés dans ces résidences, leur argent va mystérieusement disparaître de leur compte en banque, pour se retrouver dans celui du patron.
Quand la source financière se tarit, lesdits résidents finissent par disparaître, à leur tour…
Voilà donc tout ce beau monde impliqué dans une sombre affaire de manipulation de documents officiels, d’arnaque et d’abus de gens du troisième âge.
Ce monde sombre s’accordant avec l’oubli parfois volontaire de l’existence de nos aînés, au Québec comme ailleurs, avait déjà été exploré avec brio dans I Care a Lot, une comédie franchement grinçante, qui mettait en vedette Rosamund Pike et Peter Dinklage.
Cette fois, malheureusement, le résultat est beaucoup plus brouillon: non seulement existe-t-il un tel système de résidences chargées de « presser le citron » des aînés, mais on nous parle aussi d’anciens réseaux de gangsters, de vieille rancoeur familiale, de kidnappings, d’argent caché… On a même un passage avec un « gentil » homme largement chauve et portant la barbe qui affronte un « mauvais » homme largement chauve et portant la barbe.
N’oublions pas, non plus, que la grand-mère finit par pouvoir sortir de la résidence… mais y retourne malgré tout. Alors qu’elle a toujours de l’argent caché quelque part. Bref, on y perd un peu beaucoup son latin, malgré la bonne volonté du réalisateur de nous proposer une histoire complexe avec de multiples revirements de situation.
Trop ambitieux pour son propre bien, The G rate une belle occasion de dénoncer la violence ordinaire d’un système d’hébergement pour aînés qui se concentre bien souvent sur les profits, plutôt que sur le bien-être. Dommage.