Trente-huit ans après sa parution, The Color Purple, un immense classique de Steven Spielberg qui s’est vu nommer dans pas moins de onze catégories aux Oscar lors de sa sortie en 1985, est disponible depuis peu dans une version restaurée en 4K.
La vie de Celie, une Afro-Américaine née dans l’État de la Géorgie à la fin du 19e siècle, est tout le contraire d’un conte de fée. Elle accouche pour la deuxième fois alors qu’elle n’a que quatorze ans. Elle ne verra jamais grandir sa progéniture, puisque son propre père, qui l’avait abusé sexuellement et l’avait mise enceinte, décida de confier les bébés à l’adoption dès leur naissance.
Peu de temps après, dans le cadre d’un mariage arrangé, elle devient la femme d’Albert Johnson, un fermier veuf ayant trois enfants qui la traite comme son esclave personnelle et lui interdit de voir sa sœur, dont elle est pourtant très proche. Entretenant une relation amoureuse avec Shug Avery, une chanteuse de blues, Albert a le culot de ramener sa maîtresse à la maison un bon jour, au vu et au su de sa propre épouse.
Contre toute attente, les deux femmes se lieront d’amitié, et à son contact, Celie apprendra à s’affirmer un peu plus, et trouvera même le courage de s’émanciper de ce mari autoritaire et violent.
En 1985, après avoir signé coup sur coup Raiders of the Lost Ark, E.T. the Extra-Terrestrial et Indiana Jones and the Temple of Doom, Steven Spielberg cause la surprise avec la sortie de The Color Purple, une émouvante fresque s’étalant sur trois décennies et relatant le destin d’une poignée de femmes afro-américaines entre 1909 et 1937 en Georgie.
Avec cette œuvre, le cinéaste réputé pour ses productions hollywoodiennes grand public montre qu’il est aussi capable de réaliser du cinéma d’auteur. Inceste, violence conjugale, misogynie, racisme érigé en système, influence de l’Église, le film aborde des sujets qui étonnent de la part d’un artiste « commercial » (et d’un homme blanc de surcroît).
Le long-métrage dépeint une réalité tellement glauque qu’il aurait pu facilement tomber dans le misérabilisme si ce n’était des moments joyeux, de sa touche d’humour et même d’une certaine poésie parcourant l’intrigue. Avec une finale réchauffant le cœur, il s’agit définitivement d’un classique du septième art, qui n’a pas pris une ride avec les années.
Spielberg est l’un des cinéastes les plus accomplis de sa génération, et la réalisation de The Color Purple est à la fois absolument irréprochable et inspirée. Il nous plonge avec brio dans l’Amérique des années 1930, insère çà et là des paysages ruraux bucoliques comme pour atténuer la souffrance des gens qui y vivent, et transmet au passage toute l’exubérance des messes gospels.
La restauration du film en 4K est impressionnante et produit des images cristallines et des couleurs riches et profondes. Pour son tout premier rôle à l’écran, Whoopi Goldberg (Celie) frappe un coup de circuit, et sa performance très touchante lui vaudra une nomination aux Oscar et le Golden Globe de la meilleure actrice cette année-là. Incarnant son salaud de mari, difficile de ne pas détester Danny Glover, même si son personnage n’est après tout qu’une victime de son époque.
La distribution compte plusieurs autres comédiens de talent, dont Oprah Winfrey, qui joue Sofia, et Margaret Avery, l’interprète de Shug, la chanteuse de blues forte et indépendante.
Cette nouvelle version ultra-haute définition de The Color Purple inclut le film sur disque 4K ainsi qu’un code donnant accès à une copie numérique. On retrouve près d’une heure trente de matériel supplémentaire sur l’édition.
Dans The Color Purple from Book to Screen, l’écrivaine Alice Walker parle de l’inspiration de son roman, des personnages calqués sur ses propres grands-parents, de l’état de grâce dans lequel elle l’a écrit, et du Pulitzer qu’elle a remporté, tandis que Steven Spielberg raconte comment il est tombé sur le livre, et ce qui l’a poussé à l’adapter au grand écran.
La seconde revuette se consacre aux comédiens, et présente des entrevues avec Whoopi Goldberg, Oprah Winfrey, Margaret Avery et Danny Glover qui partagent les souvenirs de leurs auditions. On trouve également un Making of très instructif d’une durée de 23 minutes, un document traitant de la trame sonore signée Quincy Jones, ainsi que les trois bandes-annonces créées pour la promotion du long-métrage.
Empreint d’une grande force émotionnelle et d’un humanisme touchant, The Color Purple n’a rien perdu de sa pertinence près de quatre décennies après sa sortie initiale. On ne peut que se réjouir que les nouvelles générations aient accès à ce petit bijou du cinéma par le biais de cette version restaurée en 4K.
8.5/10
The Color Purple
Réalisation: Steven Spielberg
Scénario: Menno Meyjes et Alice Walker
Avec: Whoopi Goldberg, Danny Glover, Oprah Winfrey, Margaret Avery, Willard E. Pugh, Akosua Busia et Dana Ivey
Durée: 153 minutes
Format : UHD (4K et copie numérique)
Langue : Anglais, français et espagnol