Quand un studio s’excuse pour la piètre qualité d’un jeu à peine quelques jours après sa sortie, ce n’est certainement pas bon signe, mais est-ce que The Lord of the Rings: Gollum est aussi mauvais qu’on le dit?
Puisqu’il emprunte un point de vue inédit pour explorer l’univers de Tolkien, The Lord of the Rings: Gollum aurait pu être intéressant et se démarquer de la multitude de jeux vidéo issus de la franchise jusqu’à maintenant. Le fait qu’il prenne place durant une période peu explorée par l’auteur britannique, soit les soixante ans séparant le Hobbit et la formation de la Communauté de l’Anneau, jouait également en faveur du titre, mais cette prémisse, prometteuse sur papier, donne lieu à une expérience médiocre, visuellement passée date, et bourrée de bogues.
L’un des rares points positifs de The Lord of the Rings: Gollum est de raconter une histoire originale. On y croise certaines figures connues de l’univers des romans de Tolkien, dont le magicien Gandalf ou Thranduil, le seigneur de la Forêt noire (et père de Legolas). Pour illustrer la dualité entre Sméagol et Gollum, certains dialogues nous demandent de répondre en assumant l’une ou l’autre de ses deux personnalités. Il faut ensuite convaincre son alter ego en sélectionnant les bons arguments parmi une liste. Il s’agit d’une excellente idée, mais comme nos choix n’influent que très peu sur le cours du récit, elle est plutôt mal exploitée.
Quand débute l’histoire du jeu, Gollum n’est plus en possession de son précieux anneau. Il erre dans les terres désolées de Mordor, bien déterminé à retrouver la trace de Bilbo Sacquet, le Hobbit qui lui a volé son trésor. Il est rapidement capturé par les Nazguls, les serviteurs spectraux de Sauron, puis jeté dans les profondeurs de la Tour sombre. C’est là que prendra place la majorité de l’expérience, alors que la pauvre créature emprisonnée dans les Puits noirs de Barad-Sûr sera condamnée aux travaux forcés, et devra tenter de s’échapper de cette geôle avant de mourir de malnutrition et d’épuisement.
Présenté dans une vue à la troisième personne, The Lord of the Rings: Gollum est un jeu d’aventure et d’action. Évidemment, on ne s’attend pas à ce qu’une créature pathétique et sournoise comme Sméagol/Gollum s’arme d’une épée et livre des combats épiques. C’est donc l’approche furtive qui est mise de l’avant dans le titre. On se dissimule dans les buissons ou au creux des ombres afin d’échapper à la vigilance des légions d’orques. Il est possible de tuer certains ennemis en se glissant derrière eux sans être repérés, mais seulement ceux qui ne portent pas de casque, et l’on n’en croise pas souvent.
On peut également lancer des pierres contre des objets de métal afin de créer une diversion et se faufiler sans être vu des gardes. Appuyer sur la gâchette de gauche de la manette active l’intuition de Gollum, ce qui lui permet de voir les silhouettes des ennemis à distance à travers les murs, une fonction assez pratique pour l’infiltration. Un point d’interrogation dans un cercle jaune apparaît au-dessus de la tête des orques qui nous ont brièvement aperçus et ont la puce à l’oreille. Le cercle devient rouge lorsqu’ils nous cherchent activement. Non seulement ces mécaniques sont rudimentaires, on les a déjà vu mille fois dans d’autres titres du genre.
La majeure partie de l’expérience se place sous l’auspice du parkour, et tire profit de la grande agilité de Gollum. Celui-ci court à quatre pattes comme un animal. Il peut sauter, grimper sur les murs couverts de lierre et s’accrocher aux corniches. En plus d’une caméra se plaçant souvent dans un angle peu favorable qui nuit quand vient le temps de sauter ou grimper, The Lord of the Rings: Gollum possède le défaut des premiers Assassin’s Creed, et il n’est pas rare que l’on saute dans une direction opposée à celle que l’on souhaitait. Pour récupérer des points de vie après une chute, on avale des champignons, des vers, des poux ou des ailes de chauve-souris glanés çà et là dans les environnements.
Les visuels de The Lord of the Rings: Gollum ne sont vraiment pas à la hauteur de ce que l’on retrouve sur le marché aujourd’hui. Les modèles 3D, en particulier celui de Gollum, sont assez laids. Les environnements des Puits noirs de Barad-Sûr, là où se déroule la majorité du jeu, sont peu inspirés, et s’affichent dans des teintes de brun et de rouille, ce qui crée rapidement une monotonie visuelle. Le titre est également bourré de bogues. Les contrôles ne réagissent pas toujours comme ils devraient, surtout dans les sections où l’on rampe et que la vue bascule à la première personne. On reste parfois suspendu dans les airs lorsqu’on essaie de sauter par-dessus une simple barrière, et la luminosité d’une scène change selon qu’on déplace la caméra pour voir autour de soi.
Il est vraiment étonnant que les propriétaires de la franchise Lord of the Rings aient autorisé la sortie d’une expérience de si piètre qualité, qui se vend de surcroît 80 dollars. Il s’agit d’un des pires jeux parus cette année, qui décevra même les inconditionnels de Tolkien.
Lord of the Rings: Gollum
Développeur : Daedalic Entertainment
Éditeur : Nacon, Daedalic Entertainment
Plateformes : PlayStation 4, PlayStation 5, Nintendo Switch, Windows, Xbox One, Xbox Series S/X (testé sur PS5)
Jeu disponible en français (textes à l’écran seulement)
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