Entre performance et 11e art, entre danse et maniement de belles marionnettes diversifiées, entre ciel et terre… De nombreuses échelles petites et grandes garnissent la scène du spectacle intitulé Seuils et proposé par la compagnie du Théâtre incliné de Laval dans le cadre du festival Les Casteliers.
C’est un très beau spectacle qui combine habilement les humains et leurs artefacts, les pensées intérieures et les actes, les idées que l’on peut avoir de ce qui se passe dans le monde agité au crépuscule tandis qu’on reste à l’abri derrière la fenêtre de son intérieur.
Au début du spectacle, la scène est donc garnie de différents escabeaux et de silhouettes humaines, certaines dont on n’aperçoit que des morceaux. Parmi elles, il y a trois de ces quatre artistes, deux femmes et deux hommes bien vivants qui vont manipuler, se mêler, se croiser pour offrir une performance dans laquelle on ne sait plus ce qui est marionnette et ce qui ne l’est pas.
C’est une manière originale et très réussie de pousser le 11e art à l’une de ses limites. Sans doute y en a-t-il d’autres. Mais là, le thème questionne justement la limite, le seuil, tout ce qui se passe quand le jour se termine et qu’on se trouve, comme le dit l’expression, entre chien et loup.
Une jeune femme tente de se servir du thé avec des mains marionnettes, c’est moins facile qu’avec de vraies mains; deux artistes se prennent alternativement pour la marionnette l’un de l’autre en jouant le rôle du fauteuil enveloppant ou celui de la personne qui s’y réfugie dans sa solitude; une vieille dame en fauteuil roulant risque de glisser sur le sol mouillé de sa salle de bain à moins que ça n’ait été le cas et que cela explique son incapacité à marcher; un homme en planche à roulette joue avec insouciance pendant qu’un autre s’enroule et disparait derrière une corde, des oiseaux passent, une ado ou un ado semble tout retourné par la vie…
La créativité est immense et l’on aimerait disposer de plus de temps pour prendre le temps de réfléchir à chacune des séquences proposées. Sur une musique très délicate dans laquelle l’eau qui goutte prend une place immense, ce sont de multiples situations à la fois poétiques et mélancoliques qui se déploient.
Mais heureusement, la mélancolie ne dure pas, car l’aube survient avec sa lumière, son silence encore endormi qui s’éveille et sa promesse de vie qui renait.
Théâtre Incliné (Laval)
Adultes et ados, à partir de 13 ans
Durée : 60 minutes
Techniques : marionnettes portées, marionnettes morcelées, masques et danse
Mise en scène et écriture scénique : José Babin
D’après les textes de Marie-Louise Bibish Mumbu, Julie Vincent et Marie-Hélène Larose-Truchon.
Chorégraphies : Karine Ledoyen et José Babin en collaboration avec les interprètes.
Répétitrice : Emmanuelle Bourassa Beaudoin
Conseillère dramaturgique : Josianne Dulong-Savignac et Sophie Devirieux
Marionnettes : Sophie Deslauriers
Assistante à la fabrication des marionnettes : Céline Chevrier
Prototypes marionnettes à la recherche : Alain Lavallée et José Babin
Costumes : Manon Guiraud
Décor : Carol-Anne Bourgon Sicard
Musique : Guido Del Fabbro
Interprètes : Patrick Lamothe, Élinor Fueter, Julie Desrosiers et Guillaume Lajeunesse
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