Le bureau de l’APA : c’est une compagnie théâtrale de Québec bien déjantée, qui tourne à travers toute la province et propose deux représentations de son Show sur l’effondrement qui n’aura pas lieu au théâtre aux Écuries. À voir absolument par les spectateurs capables de rire des malheurs de la vie et amateurs de créativité tous azimuts…
La proposition n’est pas spécialement joyeuse. Il s’agit de siéger en assemblée générale extraordinaire de l’APA (inutile de demander ce que signifie l’acronyme, plus phonique que signifiant) et de faire le bilan des catastrophes généralisées du monde. Elles ne manquent pas. La réunion inclut les spectateurs qui ont droit de vote secret et à qui on demande à l’occasion s’ils veulent poser des questions.
Dans le hall du théâtre aux Écuries, une sorte de scène est aménagée avec un bric-à-brac de personnes et d’objets censés tous être utiles à ce genre d’assemblée : rétroprojecteur et écran vidéo, secrétaire, bureau où siège le président, trésorière, lutrin et micro pour le conférencier, micro pour d’autres intervenants de l’assemblée, et les indispensables cafetières géantes accompagnées de leurs nombreux gobelets en styromousse…
La réunion débute et plutôt qu’un ordre du jour, c’est un désordre du jour qui est adopté.
La pièce est plus du domaine de la performance que du théâtre. On y questionne intelligemment, avec humour et poésie, les concepts d’art et de créativité et le rire est présent, même dans les moments les plus graves ou carrément glauques.
Beaucoup de gobelets, de café, de marc de café et autres dérivés sont employés, avalés, projetés, tartinés sur les protagonistes ou désintégrés en direct et visibles sur l’écran. Ils symbolisent le double mouvement de la création et de l’effondrement que connait la planète, de la fonte des glaciers à la guerre en Ukraine en passant par les tueries de masse et autres fantaisies humaines, mais aussi les annulations de spectacles et autres problèmes de la troupe durant la pandémie. Effondrement encore le plus significatif : un de ses membres, Simon Drouin fut emporté par une tumeur au cerveau, et le spectacle intègre cet événement comme un hommage touchant.
Mais en dépit de cette liste non exhaustive de catastrophes planétaires, où l’humain n’est qu’un tout petit point insignifiant de l’univers, c’est le rire qui est privilégié. Sur la scène, les sept artistes déploient chacun leurs talents. Il y a de la musique, des sentences philosophiques, des propositions de créations sonores. Tout un ensemble assez bien ordonné et destiné à produire un désordre on ne peut plus efficace.
Le bureau de l’APA est à suivre dans ses propositions. Je parierais bien qu’on s’y amuse beaucoup au moment de la conception de ses spectacles, car ce plaisir est parfaitement ressenti lorsqu’on y assiste.
Le show sur l’effondrement qui n’aura pas lieu par le bureau de l’APA
Distribution : Laurence Brunelle-Côté, Bernard Langevin, Marie-Loup Cottinet, Julie C. Delorme, Robert Faguy, Moïa Jobin-Paré et Alain-Martin Richard