Deux petits garçons qui jouent avec des modèles réduits de l’Amérique des années 50 : pickup rouge flambant neuf, voiture de gangster, de dragueur ou de policier, camion de pompier, tracteur, bicyclette. Ils se déplacent partout, à la pompe à essence, chez le garagiste, à la messe, au drive-in, au bar, au coffee shop, dans les champs de blé ou de maïs, au car-wash, à un enterrement, à la pèche. Comme si c’était pour de vrai… Et c’est pour de vrai!
Dans L’histoire à finir de Jimmy Jones et de son camion céleste, présenté au Théâtre aux Écuries, on ne cesse jamais d’être un enfant. Et qui peut d’ailleurs prétendre quitter totalement cette période de la vie?
Mais pour les deux artistes sur scène, Francis Monty et Alexandre Leroux, le fait est totalement assumé.
Le premier interprète le père du second dans L’histoire à finir de Jimmy Jones et de son camion céleste, un père – comme il se doit – plutôt problématique pour son fils. Et ce sont les rapports de ces deux être à jamais immatures qui nous sont présentés dans une pièce drôle, tendre, pleine des maladresses des deux hommes, de leurs failles d’autant plus criantes qu’il s’agit d’une histoire de gars; des gars qui se veulent forts et solides, aussi solides que la carrosserie de leurs engins.
La pièce est un mélange réussi de théâtre, avec ces deux très bons acteurs (qui interprètent une multitude de rôles différents), et de marionnettes d’objets qu’ils manipulent devant nos yeux. Sur une simple table qui accueille tous les décors de l’Amérique profonde, le père fait subir à son fils ce qu’il a sans doute subit lui-même de son propre père dont il ne veut plus entendre parler. Dans le ciel bleu des grands espaces américains, un petit nuage de coton surplombe presque en permanence le véhicule du père. Et c’est ainsi qu’avec beaucoup de nostalgie et de poésie, une multitude de petits gags charmants ponctuent le spectacle où les individus sont comme leurs véhicules adorés et les véhicules comme des individus.
Entre les objets sur la table et les personnages, il y a aussi des passages impossibles qui ajoutent à l’humour absurde de la pièce ou à sa légèreté. À moins que cela ne rende au contraire la pièce plus profonde qu’elle n’apparait au premier abord, en pointant ces fragilités que nous nous efforçons souvent tous maladroitement de masquer.
L’histoire à finir de Jimmy Jones et de son camion céleste, du 9 au 19 mars au Théâtre Aux Écuries
Mois de la Pire Espèce
Texte : Francis Monty
Création : Francis Monty et Alexandre Leroux
Interprétation : Francis Monty et Alexandre Leroux
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