Développé par Olivier Leclair, du Studio Chien d’Or, largement comme un avant-goût de La vallée qui murmure, un autre titre se déroulant lui aussi dans le même univers et à la même époque, Le Murmureur est l’équivalent d’une courte nouvelle prenant place dans les terres enneigées de la campagne québécoise, quelque part au début du 19e siècle.
Dépêché sur le site d’un camp de traite de fourrures, le joueur doit résoudre le mystère de la disparition des deux hommes qui devaient occuper le site pendant l’hiver. Plutôt que de trouver deux individus aguerris et durcis par le froid mordant des régions sauvages québécoises, voilà que l’on découvre plutôt des traces de sang, des portes verrouillées, ainsi qu’une panoplie d’objets qui nous serviront dans notre quête.
En format pointe et clique, comme dans le bon vieux temps, pourrait-on dire, Le Murmureur mélange des thèmes liés à l’horreur, mais aussi à la maladie mentale et à l’isolement. Qui n’a jamais entendu parler de ces histoires de bûcherons devenus fous à attendre la fonte des neiges, au printemps, avant de revoir leur famille ou leurs proches? La chasse-galerie se déroulait l’hiver, après tout, tout comme bien d’autres fables et légendes impliquant d’étranges créatures et la sensation obsédante qu’une partie croissante de son esprit disparaît peu à peu dans la brume.
Tout cela est bien présent dans le très court jeu de M. Leclair. Mais malheureusement, on retrouve aussi de mauvaises décisions en matière de design qui rendent l’expérience franchement frustrante. Parmi le grand nombre d’irritants, notons l’obligation, lorsque l’on souhaite utiliser une clé sur une serrure, d’aller dans son inventaire (la touche TAB, découvrira-t-on à force d’appuyer un peu partout sur son clavier, sans avoir eu aucun éclaircissement), de cliquer sur la clé en question, puis sur l’option « utiliser », et enfin sur la serrure de la porte à déverrouiller.
Que l’on fasse un peu travailler le joueur pour résoudre d’autres énigmes, cela est acceptable, voire même parfois bien pensé, comme lorsqu’il est nécessaire de fabriquer des explosifs, puis d’en allumer la mèche afin de progresser. Mais pour des actions aussi évidentes et directes que de déverrouiller une porte, il s’agit de trois actions en trop – six, si l’on compte le fait qu’il faudra débarrer une porte à deux reprises.
Cela vaut aussi pour l’obligation, à un certain moment, de cliquer quasiment partout pour chercher à débloquer la suite du scénario. Si l’utilisation d’une pelle, pour bouger une congère, devient ainsi évidente lorsque le jeu nous indique qu’une porte est bloquée par la neige, qui aurait pu découvrir, sauf par pur hasard, qu’un banc de neige ressemblant à tous les autres bancs de neige pouvait lui aussi être pelleté, libérant du même coup l’accès à une pièce jusqu’alors cachée?
Sans que l’on nous prenne par la main, Le Murmureur aurait grandement bénéficié d’un système, pourtant largement utilisé dans d’autres jeux, où les objets et aspects du décor pouvant faire l’objet d’une interaction apparaissent en surbrillance lorsque le curseur de notre souris s’y déplace. Autrement, on ne sait jamais si le joueur est en train de perdre son temps à tenter de résoudre un mystère qui n’existe pas, ou s’il lui manque un outil ou un autre élément pour progresser. Ultimement, on se retrouve à cliquer partout, ou à devoir consulter une vidéo explicative en ligne… où la personne enregistrant ladite vidéo est aussi confuse que le joueur!
Il n’y a pas à dire, Le Murmureur possède un sérieux potentiel, potentiel qui est franchement gâché par des mécaniques de jeu mises en place de façon plus que maladroite. Espérons que cela n’est pas indicateur de la qualité de La vallée qui murmure…
The Whisperer / Le Murmureur
Développeur et éditeur: Studio Chien d’Or
Plateforme: Windows (Steam)
Jeu disponible en français