Il y a décidément quelque chose, dans le jeu Mad Max, qui mérite qu’on s’attarde à ce titre développé par Avalanche Studios et publié par Warner Brothers en 2015. Même pour une deuxième fois.
Lancé en 2015, la même année de la sortie de l’excellent film Mad Max: Fury Road, le jeu met en vedette le célèbre personnage du même nom, cet ancien policier qui erre dans les terres désolées de ce qui fut autrefois notre planète, et qui est aujourd’hui un désert post-apocalyptique cataclysmique. Poursuivi par le maître de Gastown, une ville pétrolière sous la coupe de l’ignoble Scrotus (eh oui…), Max cherchera à obtenir le graal de ce monde violent et déprimant: le puissant moteur V8, qui lui permettra de traverser les Plaines du silence pour poursuivre sa quête.
Quelle est cette quête, au fait? La question n’est jamais abordée, que ce soit dans les quatre films de la série ou dans le jeu, et le scénario n’a pas besoin de ces précisions pour fonctionner. Il suffit de savoir qu’il faut continuer de progresser pour assembler les pièces de notre véhicule, le Magnum Opus, histoire de finir par quitter cette région maudite et laisser la violence et la mort loin derrière nous.
Sur le plan graphique, il n’y a rien à redire qui n’a déjà été dit il y a un peu plus de trois ans, lors de la première critique de ce jeu par ce journaliste. Visuellement magnifique, toujours splendide six ans après sa sortie, Mad Max représente une utilisation pratiquement idéale des moyens dont disposaient probablement les développeurs. En n’ayant pas besoin de programmer des milliers d’arbres, mais plutôt de dessiner les contours décharnés d’un paysage de cauchemar, en se concentrant sur des aspects qui sont généralement laissés de côté, ou auxquels l’on consacre moins d’énergie et de temps, contraintes de production obligent.
Ainsi, on ne cessera de s’émerveiller devant les jeux de lumière, que ce soit durant le jour ou la nuit, durant le calme ou la tempête, ou simplement lorsque notre personnage conduit ou combat.
Car oui, il y a bien entendu du combat. Lorsque Max se battra à mains nues, ou, du moins, à l’extérieur de sa voiture, les amateurs de la série Batman, ou encore de Shadow of Mordor (et Shadow of War), reconnaîtront ce système de combat où il est généralement possible de parer les coups, notamment grâce à un indicateur visuel assez difficile à manquer. De fait, ces différentes sections du jeu deviendront rapidement assez répétitives, y compris lorsque le joueur affrontera les « méchants en chef », qui, sans égard à leur faction, auront toujours non seulement la même apparence générale, mais aussi le même style d’attaque. Armés d’une masse lourde, ils télégraphieront suffisamment leur attaque pour qu’il soit possible d’esquiver le tout, puis de les attaquer lorsque ces ennemis seront déséquilibrés.
De la répétition, il y en aura aussi dans les différentes missions à accomplir. Si la conception des niveaux, repaires et autres forteresses à conquérir est franchement bien réussie, les objectifs à atteindre, eux, se regroupent en quatre options: détruire des pompes à pétrole, détruire des réservoirs de pétrole, tuer un nombre prédéterminé d’ennemis, ou encore tuer l’un de ces méchants, généralement après avoir tué plusieurs adversaires.
Heureusement, les choses sont différentes lorsque vient le temps de combattre en voiture. C’est probablement là, d’ailleurs, que l’on s’amusera à provoquer le chaos le plus important possible, que ce soit en fonçant sur les autres véhicules avec son propre bolide, généralement lorsque celui-ci n’est pas suffisamment amélioré pour disposer d’armes plus puissantes, en utilisant le très efficace harpon, ou en se tournant carrément vers l’équivalent des missiles, qui finiront par être si efficaces, et détenus en si grand nombre, que notre Magnum Opus aura davantage des allures de tank que de voiture de course.
Susciter l’espoir
Ce qui surprend le plus, dans Mad Max, est le fait que tout repose sur l’espoir. Non pas uniquement sur l’espoir, pour Max, de finalement assembler le véhicule parfait et de s’élancer dans son expédition solitaire, une démarche qui tient davantage du désespoir, cela dit en passant, mais sur l’espoir des différents chefs de « clan » qui possèdent chacun une forteresse à travers le territoire désolé du jeu.
Il y a celui qui souhaite simplement rééquilibrer les forces en présence en produisant et en distribuant de la poudre, qui servira pour des cartouches d’arme à feu, dont sont largement dépourvus les larbins de Scrotus. Il y a celui qui, de l’intérieur d’un ancien paquebot, guide son « peuple » vers un futur où les océans seront de retour à la surface de la Terre. Il y a cette femme clouée dans une chaise roulante dont les fidèles rêvent de partir à l’aventure pour traverser le « grand rien », normalement synonyme de mort certaine. Et il y a le chef religieux, bien sûr accompagné de ses zélotes.
Tout ces gens ont des histoires intéressantes à raconter, et offrent généralement des missions suffisamment diversifiées pour éviter que le joueur ne s’ennuie.
Le hic, c’est que l’on en revient toujours à cette répétition. Que ce soit dans certaines quêtes principales, ou lorsque vient le temps d’acquérir les matériaux nécessaires pour construire les diverses améliorations qui permettent de faire le plein, recharger ses armes, remplir sa gourde d’eau et récupérer ses points de vie, etc. Plutôt que de s’astreindre à des heures de grinding, le joueur finira par simplement « tricher », en un certain sens, en utilisant les déplacements rapides entre une base ayant toutes ces améliorations et le lieu où l’on souhaite se rendre, plutôt que de consacrer plusieurs autres heures à accomplir constamment les mêmes tâches, ou à attendre que les camps ennemis conquis fournissent eux-mêmes les ressources nécessaires.
En fin de compte, Mad Max est bien passé près d’être un excellent jeu. La trame narrative est relativement riche, mais les développeurs ont semblé manqué d’idées pour présenter un « produit » complètement abouti. Et c’est bien dommage. Car sur les autres plans, le jeu est franchement bon.
Mad Max
Développeur: Avalance Studios
Éditeur: Warner Brothers
Plateformes: Windows, PlayStation 4, Xbox One, Linux, macOS (testé sur Windows)
Jeu disponible en français (interface et sous-titres)
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