S’inspirant à la fois de La Belle au bois dormant et du monde du ballet, l’auteure jeunesse Karina Lyfoung livre un conte de fées parfait pour les fillettes d’aujourd’hui, avec La Belle endormie – Acte 1.
À la fin du 19e siècle, Oxana Ravenel, la fille du directeur du Grand Théâtre, s’apprête à faire ses débuts sur scène dans La Belle au bois dormant quand, à l’aide d’un violon maudit exauçant les souhaits les plus sombres de son propriétaire, un danseur aigri expulsé de la troupe par son père plonge la ballerine dans un profond sommeil. Lorsqu’elle se réveille quelque cent ans plus tard, amnésique de surcroit, Oxana est recueillie par Aria et Léonide, deux étudiants à l’Académie de danse et de musique érigée sur l’ancien théâtre familial. Sans se douter de la malédiction pesant sur elle, la jeune femme, dont la passion pour le ballet est demeurée intacte, tentera de remporter le concours à l’Académie et de décrocher le rôle d’Aurore, qu’elle devait jouer avant que le mauvais sort ne s’abatte sur elle un siècle auparavant.
Scénarisé et illustré par l’auteure jeunesse Karina, La Belle endormie – Acte 1 propose une variation contemporaine sur La Belle au bois dormant qui prend place dans le milieu de la danse. On comprend bien sûr qu’il s’agit de l’introduction à une série dont l’histoire se dévoilera sur plusieurs tomes, mais le scénario de ce premier acte laisse quand même sur sa faim. Le récit aborde à peine le choc culturel que devrait ressentir une adolescente transportée du 19e au 20e siècle, ce qui aurait pourtant pu être très porteur, et s’attarde surtout à la méchanceté dont sera victime Oxana de la part des autres étudiants parce qu’elle est différente et un peu étrange, un thème qui devrait toutefois trouver écho auprès de la majorité des jeunes filles.
Autant en ce qui concerne son récit à l’eau de rose que sa signature visuelle, La Belle endormie rappelle Candy ou La rose écarlate, une série sur laquelle Karina a d’ailleurs œuvré avec sa sœur, Patricia Lyfoung. Quelque part entre le manga et la tradition franco-belge, elle esquisse d’un trait très fin des personnages aux grands yeux démesurés, et bien que ses illustrations romantiques et naïves ne comptent pas des tonnes de détails, elles revêtent un côté féérique qui sied bien à un conte moderne. Mélangeant les pastels à des crèmes ou des beiges, la coloration donne une texture particulière à l’album, alors que même les teintes vives, comme le rouge ou le bleu, semblent délavées, presque pâlottes.
La Belle endormie n’est certainement pour tous, mais cette bande dessinée de Karina saura faire rêver les fillettes qui sont encore obsédées par les ballerines, les princes charmants, et les contes de fées.
La Belle endormie – Acte 1, de Karina. Publié aux éditions Dargaud, 48 pages.
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