Un pays où l’espoir n’est plus. Où la liberté n’est plus. Ce pays, c’est celui de la République de l’abîme, un roman Louenas Hassani paru aux éditions L’Interligne.
Deuxième roman de cet Algéro-Canadien d’origine kabyle, La République de l’abîme nous transporte dans un monde où l’intégrisme religieux occupe toute la place. On y coupe la main des enfants voleurs, on y exécute ceux qui se souviennent de la vie d’avant, ceux qui étaient les penseurs, autrefois…
Le pays de Hassani a des relents de pays arabe quasi-dictatorial, comme on en compte malheureusement trop de nos jours. Et dans ce pays, il met en scène Akal, 26 ans, qui n’a jamais vraiment connu autre chose que la chape de plomb de ce régime qui n’autorise rien. Pire, l’État se considère comme pieux et (forcément) investi d’une mission divine. Qu’importe si la loi religieuse appliquée par les tortionnaires et leurs meurtriers a tout de la mégalomanie sanguinaire, et rien du vivre ensemble prôné par les grands dogmes monothéistes.
Akal, donc, tentera, avec l’aide de ceux qui pensent encore, de ceux qui rêvent encore, de renverser l’ordre établi et de créer une société qui paraîtrait idyllique à bien des gens du monde arabe, mais aussi de certaines sections du monde supposément « libre ».
Le monde que construit l’auteur en est un de philosophie, de réflexion politique, d’intelligence, d’éveil de la conscience. Il est à tout le moins paradoxal qu’il semble être nécessaire de vivre dans un monde oppressant pour constater que l’amour, la pensée, le dialogue sont toutes des choses extraordinaires, des choses si précieuses et fragiles qu’il est essentiel de se battre pour elles.
Dans un langage fleuri, émacié de poésie et de chants, si ce n’est parfois des mots dans lesquels ont risque de s’empêtrer, Louenas Hassani livre un vibrant plaidoyer en faveur de la liberté sous toutes ses formes. Non pas de la « liberté » face à la « tyrannie » du gouvernement – bien que certaines forces gouvernementales soient résolument tyranniques, mais la liberté contre cette volonté erronée de constamment rabaisser les discussions et les réflexions sociales au plus bas dénominateur commun.
La vie, le bien commun, le vivre ensemble, selon l’auteur, n’est pas quelque chose de simple – fort heureusement, d’ailleurs. Et pour parvenir à mieux comprendre notre existence, à en saisir la substantielle moelle, il faut peut-être, ironiquement, se tourner vers un ouvrage se situant fort loin de l’oeuvre de l’auteur: le Guide galactique, de Douglas Adams, résume bien la chose avec sa réponse à la question ultime sur la Vie, l’Univers et Tout le reste. Ce qui importe, c’est le parcours.
Et cela, Louenas Hassani et sa République de l’abîme le comprennent tout à fait.
En complément: