Loin du cahier de notre enfance où les feuilles collées au «scotch tape» s’émiettent entre les pages, Un herbier de Montréal aux éditions La Pastèque est un recueil majestueux en hommage à la nature qui n’a pas quitté la ville. Une excellente idée de cadeau en cette fin du 375e anniversaire de la métropole.
À l’origine, le poète Bertrand Laverdure a proposé dans la soumission de sa candidature au Conseil des arts de Montréal comme Poète de la Cité en 2015, l’idée de créer un herbier des poètes et bédéistes de Montréal. À cela, vient se greffer la fonction de document scientifique élaboré par une équipe du Jardin botanique. En somme, le contenu de cet herbier croise la poésie, la bande dessinée, le document descriptif, historique et anecdotique, ainsi que le graphisme.
Pastille glacée arborant un bouquet de feuilles, de fleurs et de fruits au centre d’une couverture rigide à la texture tout aussi organique, le graphisme du studio Nouvelle Administration donne l’impression d’ouvrir un précieux grimoire. Ses illustrations rappellent les gravures et les dessins faits à l’aide de la «camera lucida» d’ouvrages anciens comme l’encyclopédie, mais les coups de crayons et les imperfections sont volontairement apparents. Le rose foncé, le vert forêt, l’or et l’orange fluorescent semblent appartenir à une gamme d’époque, mais leur répartition est contemporaine.
Contempler les végétaux de l’île à travers ce livre, c’est un peu comme déambuler dans le potager du Jardin botanique où on peut observer la constitution des plantes que l’on connait seulement sous forme d’aliments.

Voici un aperçu de la série de plantes recensées dans cet herbier auquel s’ajoutent quelques bandes dessinées rigolotes.
Petite bardane
Quiconque s’est amusé dans les champs et les boisés s’est retrouvé avec des boules de piques accrochés à ses vêtements. Cette plante eurasienne qui a inspiré l’invention du «velcro» déploie des capitules de fleurs roses ou mauves rassemblées en grappe et complète son cycle de vie en deux ans, mais «elle disparaît devant l’orgueil» d’après le vers de Benoit Jutras.
Vigne vierge à cinq folioles
Plante grimpante de choix pour recouvrir les «plexs» montréalais, cette plante protège les bâtiments de la pluie et des chauds rayons du soleil. «L’histoire n’existe pas : je l’invente par le cœur, je lance les dés et les bêtes viennent s’en nourrir pour se protéger du froid», écrit le poète Michaël Trahan sur ces grappes de baies bleues mangées par une quarantaine d’espèces.
Pissenlit
«Il est un test de personnalité, une vision politique parallèle, un étranger sans carte», écrit le poète Bertrand Laverdure sur cette mauvaise herbe pour les golfeurs, ces feuilles comestibles pour les cueilleurs et ses vœux à souffler pour les enfants. Chaque fleur de cette plante est constituée d’environ 200 fleurons minuscules et signale l’arrivée du printemps.
Melon de Montréal
Cultivés commercialement sur le flanc sud du mont Royal entre 1920 et 1950, ces gros melons «au goût de muscade» d’après le vers d’Élise Turcotte se vendaient de 25$ à 35$ la douzaine, environ vingt fois plus cher qu’une tranche de steak de l’époque.
Cosmos bipenné
Ornant les parterres montréalais de sa floraison blanche, rose ou pourpre qui s’étend de juillet à octobre, cette plante originaire du Mexique et du sud-ouest des États-Unis inspire un «roadtrip» au poète Francis Catalano.
À offrir pendant les Fêtes aux nostalgiques des célébrations du 375e de Montréal et aux pouces verts de tout acabit.
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