Ridicule jusqu’à en pleurer de désespoir, cette suite du succès surprise qu’a été Kingsman: The Secret Service refait la même rengaine, mais en pire. Et ce au point de nous faire reconsidérer à outrance tout ce qu’on a bien pu aimer du premier volet.
D’une certaine façon, il est clair que ceux derrière l’adaptation cinématographique de la franchise ont compris ce qui fonctionnait dans le premier film puisqu’ils nous refont en gros la même recette. Incompréhensiblement, toutefois, ils trouvent le moyen de tout gâcher, point par point, et de toujours se retrouver à un niveau franchement inférieur de ce qu’on nous avait démontré par le passé. Comme quoi l’agité Matthew Vaughn n’a tout compte fait pas vraiment compris comment bien réussir une suite, lui qui s’est finalement essayé à l’exercice après avoir avoué l’échec que fut Kick-Ass 2, le ratage honteux qu’on a infligé à la suite de son amusant film.
Le procédé n’est pourtant pas nouveau : on refait tout, mais en plus gros. C’est le cas de John Wick 2 et tant d’autres et s’il y a moyen de se répéter avec intelligence (22 Jump Street ou Neighbors 2: Sorority Rising par exemple), il y a aussi moyen d’injecter de l’audace et des ambitions avec brio comme le toujours remarquable et imbattable The Raid 2. Ce désir de grandeur se ressent déjà dans la durée. Alors que le premier volet, sans être exceptionnel, amusait pratiquement sans temps mort pendant un deux heures bien dosé et rythmé, on a ici décidé que deux heures et vingt minutes s’avéraient nécessaires pour satisfaire pleinement.
Malheureusement pour nous, cela nous donne davantage de temps pour réaliser tout le ridicule des bêtises qui ont lieu devant nos yeux comme on a décidé d’accentuer le côté bédéesque et cartoonesque de l’entreprise. Le hic c’est qu’on s’inspire à peine des écrits cette fois et qu’on décide d’y aller avec un scénario plus ou moins original qui copie-colle sans trop d’originalité. On retrouve alors le méchant (ici une méchante histoire de profiter un peu du gender-swap avec une Julianne Moore qui ne s’amuse pas autant qu’elle en est capable) qui a envie de conquérir le monde en se débarrassant des nuisances, aidé d’un acolyte semi-robotique, poussant une réflexion sur le monde moderne et la technologie, tout comme sur les dépendances, avec un bon lot d’action semi-inventive et de gadgets, histoire de rester ne serait-ce qu’un peu près de ce désir de pastiche parodique des James Bond et compagnie.
C’est plus douteux quand on ajoute à cela des blagues d’égouts, de sexe, de mauvais goût, de l’amnésie comme raccourci scénaristique, des mots-clics, un message nébuleux sur la drogue et des surnoms ridicules (Champ pour Champagne, vraiment?), pour ne nommer que ces quelques éléments parmi bien d’autres qui clochent encore et encore.
Il y a bien plusieurs chorégraphies qui valent le détour avec une caméra assez virevoltante pour impressionner ici et là, mais il y a certainement à se demander l’impact qu’a pu avoir Baby Driver sur le film alors qu’on donne l’impression de vouloir imiter (en associant les scènes avec des chansons) sans pour autant comprendre tout le génie et la maîtrise dont Edgar Wright sait faire preuve.
Ce n’est pas vraiment aidé non plus par l’utilisation des pires effets spéciaux depuis belle lurette (déjà que ceux du premier n’étaient pas toujours au point), nous forçant à y voir plusieurs des visuels les plus hideux et artificiels qu’on a pu voir au grand écran. De quoi se demander si le budget était finalement inférieur ou s’il est allé dans l’impressionnante distribution qu’on gâche tristement.
Effectivement, outre Julianne Moore nommée précédemment qui a un temps d’écran raisonnable, ce n’est pas vraiment le cas de Channing Tatum ou de Jeff Bridges qui se montrent encore plus accessoires que Halle Berry qui se demande elle-même dans le regard ce qu’elle fait là. Mark Strong est encore très solide, mais pas encore utilisé à sa juste valeur, tout comme le retour attendu (et improbable malgré le flashback ridicule qu’on nous sert) de Colin Firth qui fait regretter son Oscar avec d’impensables simagrées. Ça dégénère davantage avec un Bruce Greenwood caricatural et une Emily Watson dans un rôle aussi ingrat que celui qu’on offre à Hanna Altsröm, alors que malgré son charisme, Taron Egerton se montre un poil moins dévoué que par le passé. Quoique, c’est toujours mieux que son confrère Edward Holcroft qui n’aurait vraiment pas dû revenir. La cerise sur le sundae revient toutefois à Elton John dans son propre rôle, qui montre à quel point il est un piètre acteur, prêt à tout pour redorer son image et se redonner un peu d’importance dans l’univers du show-business.
Kingsman: The Golden Circle est donc un immense ratage. Une mégaproduction qui fait rire du début à la fin, mais de manière décourageante et certainement pas pour les bonnes raisons. La preuve indéniable que parfois les bonnes choses n’ont pas nécessairement besoin d’un deuxième tour de piste.
5/10
Kingsman: The Golden Circle prend l’affiche en salles ce vendredi 22 septembre.