La semaine dernière, à la Maison symphonique, l’Orchestre classique de Montréal clôturait sa 85e saison sous la baguette de Philippe Bourque, avec un programme ayant pour thème la joie. Pour l’occasion, l’orchestre était accompagné du Chœur St-Laurent et des solistes Elizabeth Polese, soprano; Florence Bourget, mezzo-soprano; Eric Laporte, ténor et David John Pike, baryton-basse.
Joy, de Kevin Lau, était la première œuvre au programme. Il s’agit d’une courte pièce, en un seul mouvement. Sous la gouverne de maestro Bourque et grâce à l’archet très sensible du violon solo, Joy nous est apparue méditative, fluide et particulièrement lyrique, avec ses airs sans prétention qui s’apparentaient parfois à de la très bonne musique de film.
C’est tout un changement de ton auquel nous avons eu droit pour la pièce suivante: Cantate pour une joie, du compositeur québécois Pierre Mercure. Comme une sorte de courtepointe, cette œuvre en sept mouvements fait passer l’auditeur par toutes sortes d’émotions, des plus dramatiques aux plus joyeuses.
Malgré qu’elle ait été parfois enterrée par l’orchestre, la prestation de la soprano Elizabeth Polese fut remarquée par son expressivité et sa couleur. Le chef a, par ailleurs, su faire un usage subtil et suave des capacités du Chœur St-Laurent, dont il est le directeur. À certains moments, il nous a fallu quelques secondes pour nous rendre compte que le chœur avait commencé à chanter, tant la transition avec l’orchestre était minutieuse. Le septième et dernier mouvement était particulièrement ravissant et méritait à lui seul une bonne part des applaudissements enthousiastes de l’auditoire.
En deuxième partie de programme, la pièce maîtresse de la soirée: la Symphonie no 9, opus 125, de Beethoven. Voilà un classique parmi les classiques, mais qui est apparu revisité par le chef Bourque. Nous sommes très loin de la version de référence enregistrée en 1963 par Herbert von Karajan avec le Berliner Philharmoniker! Certaines parties des vents ont été tellement dépoussiérées et mises de l’avant qu’on aurait dit un ajout à la partition, particulièrement en ce qui concerne les clarinettes et le piccolo. De Beethoven, on retrouve ici tous les excès, du plus sensible au plus tonitruant. Chacune des sections est mise en valeur à tour de rôle.
Pensons ici, entre autres, aux violoncelles et aux contrebasses au début du troisième mouvement. Mouvement dont l’interprétation a dépassé les deux premiers en perfection. Malheureusement, les violons nous sont apparus trop peu nombreux dans la formation et certaines de leurs mélodies ont été couvertes par les basses.
Quand au quatrième mouvement, tel qu’on pouvait s’y attendre, il a atteint son public en plein cœur. La joie, on la sentait, on la vivait dans cette salle comble. Je ne tenterai pas de décrire la puissance et la beauté éternelle de cette musique, peut-être la plus rassembleuse de l’histoire de la musique. Je me contenterai d’écrire que tout le monde a très bien fait son travail: les musiciens, les solistes, le chef et le public, pour l’ovation!
Voilà une magnifique façon de terminer une saison.