Il y a beaucoup de choses à aimer, dans Forgive Me Father 2, un jeu de tir à la première personne s’inspirant de deux univers qui plaisent beaucoup à ce journaliste, soit la mythologie fantastique et terrifiante d’H.P. Lovecraft, mais aussi les boomer shooters, ces jeux rappelant la belle époque du genre.
Et donc, à l’idée qu’il puisse exister une combinaison de ces deux « catégories », si l’on puis dire, difficile de cacher un intérêt tout à fait véridique. Force est d’admettre, d’ailleurs, que les développeurs de chez Byte Barrel se sont bien amusés pour créer un monde où les visuels, les sons, les éclairages, la musique…
Si l’on y ajoute cette question de la folie, alors que notre protagoniste, un homme de Dieu, est interné dans un asile, à se demander s’il a réellement vécu les événements du premier jeu de la série, alors il semblerait que toutes les « cases Lovecraft » ont bel et bien été cochées.
Mais le diable est dans les détails, et autant il est certainement possible d’apprécier l’atmosphère, autant Forgive Me Father 2 semble chercher à accomplir quelque chose dont les parties constituantes sont profondément incompatibles entre elles.
En effet, on peut apprécier le côté roguelike, avec la possibilité de retourner à ce fameux asile, entre les missions, afin d’échanger des ressources spécifiques que l’on trouvera dans les différents niveaux pour acheter de nouvelles armes ou modifier notre arsenal existant. On aimera aussi la gestion de ces pouvoirs octroyés par un grimoire clairement connecté à quelque chose de maléfique, d’incompréhensible et de terriblement dangereux.
Ce qui coince, cependant, se trouve davantage du côté de la structure elle-même. Car les développeurs semblent avoir souhaité créer un jeu s’appuyant particulièrement sur l’ambiance, sur cette atmosphère de terreur, où chaque balle peut compter. Non pas nécessairement un immersive sim, du moins, pas jusqu’au bout du concept, mais les trousses de premier soin sont rares, comme les munitions, et les ennemis sont capables de nous occire en quelques secondes.
De l’autre côté, on semble aussi avoir voulu concevoir un bon vieux boomer shooter, un genre de Doom à la sauce horreur intersidérale et créatures des abysses. Voilà donc des hordes d’ennemis sur fond de musique métal. Mais notre personnage, lui, est particulièrement fragile, ses armes ne sont pas particulièrement efficaces (du moins, dans leur version originale, sans modifications), et nos méchants sont bien détaillés, certes, mais on se lasse rapidement d’abattre les mêmes mutants à la mine patibulaire.
Nous sommes bien loin de la campagne supplémentaire délirante dans Borderlands 3, où l’on ne se prenait pas trop au sérieux, certes, mais où l’on s’amusait beaucoup.
Et c’est cette ambivalence qui gâche le plaisir de Forgive Me Father 2. Le titre n’est certainement pas à jeter aux orties, mais cette incapacité de se brancher fait en sorte que l’on se lasse rapidement. Il est fort possible que les choses s’améliorent par la suite; cette possibilité demeurera un mystère connu uniquement des Grands Anciens.
Forgive Me Father 2
Développeur: Byte Barrel
Éditeur: Fulqrum Publishing
Plateforme: Windows (testé sur Steam)
Jeu disponible en français (interface et sous-titres)