S’étendant sur 13 périodes de règne allant de 2070 avant notre ère jusqu’à l’abdication du tout dernier empereur, en 1912, l’histoire des dynasties chinoises est parsemée de moments d’expansion, mais aussi d’effondrements. Et si ces derniers sont généralement imputables à de nombreux facteurs, comme l’environnement et les enjeux sociaux et économiques, une nouvelle étude indique que les conditions climatiques auraient joué un rôle particulièrement important pour faire et défaire les royaumes dans l’empire du Milieu.
Les travaux de recherche, publiés dans Quarternary Science Reviews, s’articulent notamment autour de l’impact des changements dans les précipitations, surtout dans le contexte où les moussons asiatiques font alterner des périodes très sèches et des mois de fortes pluies. Sans compter des cyclones provoquant des destructions dans les régions côtières.
Pour en savoir davantage, le Dr Haowen Fan et ses collègues de l’Université chinoise de géosciences ont analysé des couches sédimentaires accumulées depuis 2000 ans dans des cavernes du centre de la Chine.
Ces dépôts de minéraux, qui s’accumulent à mesure que le calcium se sépare de l’eau du sol, sont généralement appelés stalactites et stalagmites.
Et sur ces formes rocheuses, les anneaux de croissance annuelle sont visibles comme autant de couches distinctes.
En analysant les circonstances ayant mené à une accumulation plus ou moins forte de minéraux, le Dr Fan a été en mesure d’établir que lors des périodes de sécheresse prolongées dans l’est de la Chine, associées à une accumulation moindre de minéraux, les récoltes de blé ont été moins importantes, entraînant des problèmes pour nourrir la population et provoquant un déclin économique dans le pays.
Toujours selon ce chercheur, le fait que la variabilité des tendances climatiques à travers la Chine mène à de la grogne populaire, voire carrément des révoltes, est une découverte importante. Cela vient contredire l’idée que ces changements affectaient l’ensemble du pays, plutôt qu’une région donnée.
De fait, plus de 80% de la population chinoise a vécu dans l’est du pays depuis 221 avant notre ère, la région formant ainsi le coeur des dynasties Han, Tang, Song du Nord, Yuan, Ming et Qing, entre autres régimes. Cette partie de la Chine est donc particulièrement vulnérable face aux conséquences des changements climatiques sur l’équilibre socio-économique.
Comme le rappellent les chercheurs, les dynasties Wei, Jin et du Nord et du Sud (entre 181 et 540 de notre ère), ainsi que la dynastie Tang (618-907 de notre ère) sont survenues pendant des périodes plus froides où les moussons étaient moins fortes, tandis que les dynasties Ming et Qing ont eu lieu entre 1321 et 1920 de notre ère, sous des conditions passablement plus chaudes, avec des moussons plus fortes.
Les plus faibles moussons se seraient produites entre 1500 et 1650, soit à l’époque de l’effondrement de la dynastie Ming, au moment où les conditions se sont détériorées lors du petit âge glaciaire, entraînant une baisse de la production de céréales de l’ordre de 20 à 50% en raison de sécheresses. Cela a entraîné des révoltes qui ont mené au renversement de la dynastie.