Les États-Unis, le pays des disputes politiques éternelles? Si la saison électorale est généralement synonyme de publicités, de démarchage et de tensions entre républicains et démocrates, une nouvelle étude de l’Annenberg School for Communication révèle que cette ambiance délétère demeure bien présente en tout temps, même avant ou après les élections.
« Les chercheurs ont largement accepté l’idée que lorsque nous approchons d’une échéance électorale, la polarisation augmente, pour ensuite diminuer dans les jours et les semaines suivant le scrutin », mentionne ainsi Yphtach Lelkes, l’un des auteurs de l’étude.
« Mais en ce moment, même une saison électorale controversée n’a pas d’influence sur le niveau d’animosité politique. »
En s’appuyant sur quelque 66 000 entrevues réalisées avec des Américains, M. Lelkes, en compagnie de ses collègues, a évalué le niveau d’animosité partisane entre les démocrates et les républicains dans les jours précédant et suivant les élections de mi-mandat, en 2022.
Les chercheurs ont ainsi constaté que l’appui envers les violations des normes démocratiques, comme la diminution du nombre de bureaux de vote dans des zones dominées par d’autres partis; l’appui en faveur de la violence politique, comme le fait de blesser un partisan de l’autre parti, et la polarisation affective, soit une mesure générale des sentiments positifs et négatifs des démocrates et républicains envers l’adversaire politique, avaient peu ou pas changé entre la période préélectorale et la période post-électorale.
L’étude a également révélé que les électeurs étant les plus exposés aux campagnes politiques tendaient à être davantage polarisés, mais que la différence de polarisation demeurait constante. Au dire des auteurs des travaux, cette polarisation est « devenue partie intégrante » de la société américaine, potentiellement en raison d’une exposition à de multiples campagnes électorales au fil des décennies.
« Même en s’intéressant à une autre élection, et en utilisant une plus petite échelle pour mesurer la polarisation affective, les résultats étaient constants », mentionne ainsi. M. Lelkes. « Même durant les périodes plus actives, l’animosité partisane demeurait largement similaire. »
Idem lorsqu’il était question des courses pour le Sénat et les postes de gouverneur d’État.
« L’animosité partisane semble être très profondément ancrée dans la politique américaine », estime Neil Fasching, un autre auteur des travaux de recherche.
« Cependant, tout espoir n’est pas perdu. Nos résultats indiquent que des démarches effectuées par de futurs candidats politiques, afin d’alimenter la haine et la division durant les campagnes électorales, devraient s’avérer inutiles, particulièrement lorsque ces efforts visent à promouvoir la violence ou l’érosion des normes démocratiques. »