Doter les enfants d’outils leur permettant de se protéger contre le flot de mensonges et de demi-vérités circulant sur internet: des chercheurs de l’Université de Sheffield, en collaboration avec d’autres institutions britanniques, lancent un appel à fournir un « vaccin numérique » aux plus jeunes, histoire d’aider des millions d’entre eux à mieux faire la différence entre le vrai et le faux, que ce soit dans un environnement numérique ou autrement.
Les auteurs des travaux réclament ainsi « des approches basées sur les faits pouvant aider les enfants à évaluer les contenus numériques de façon critique et de façon responsable », en profitant de la récente élection du gouvernement travailliste du premier ministre Keith Starmer, au Royaume-Uni, pour « changer la vie des jeunes ».
Selon l’étude, des millions d’enfants sont ainsi privés des outils et des technologiques nécessaires pour utiliser les appareils électroniques à leur plein potentiel, « et de façon responsable et créative ».
Devant la progression rapide du monde technologique, et plus particulièrement du secteur de l’intelligence artificielle, les chercheurs affirment que l’absence de gestes posés rapidement pour combler ce fossé mène à des impacts financiers « énormes ». « Un manque de capacités de fonctionner dans l’univers numérique peut aussi faire en sorte que les enfants sont davantage vulnérables face aux risques de désinormation, de fausses nouvelles, et d’autres dangers électroniques », ajoute-t-on.
De l’avis de la professeure Jennifer Roswell, l’une des responsables de l’étude, « l’ère de l’IA, de la littératie des données et de la plateformisation de l’éducation est à nos portes, et les enfants et les jeunes doivent pouvoir naviguer à travers leur vie numérique en disposant d’un regard critique, en plus d’être protégés contre les menaces ».
Par ailleurs, les chercheurs critiquent vertement le cadre réglementaire actuellement en place; selon eux, les approches gouvernementales existantes sont inadéquates, et de nouvelles mesures sont plus que nécessaires. L’idée de combiner littératie numérique et éducation à la sexualité, chez les enfants, est jugée comme étant inutile, en plus de favoriser la confusion.
« Nous recommandons que les enfants aient droit à des interventions beaucoup plus rapidement, en plus d’avoir accès à des programmes éducatifs tout au long de leur jeunesse, afin d’être prêts à éviter les conséquences négatives de la vie dans une société numérique. »
Et les conclusions de l’étude concernent aussi l’accès à ce monde électronique. « Nous devons équiper les enfants pour cet univers électrolique dans lequel ils vivent », affirme Anne Longfield, directrice du Center for Young Lives, un organisme qui vient en aide aux jeunes au Royaume-Uni.
« Quatre enfants sur 10 n’ont pas internet haute vitesse à la maison, ou ne possèdent pas d’ordinateur portatif ou de bureau. Ce n’est pas seulement un problème qui est survenu pendant la pandémie. Ce fossé numérique affecte encore des millions d’enfants, ce qui peut avoir des impacts marquant sur leur éducation et sur leurs futures perspectives d’emploi. »