The Future Is Your Past: ainsi s’intitule le plus récent album de Brian Jonestown Massacre, un groupe qui roule sa bosse depuis si longtemps, toujours avec ses réinventions, ses renaissances, ses éclatements, ses déchirements, qu’il est étrange que la formation est encore là, à effectuer des tournées, y compris à Montréal, à la fin septembre.
Ah, elle semble bien lointaine, cette époque où ce journaliste plongeait allègrement dans ce rock éthéré, cette musique flirtant avec les accords chauds des guitares électriques, ce shoegaze par moments, ces compositions qui donnent envie de s’engouffrer, en voiture roulant à toute vitesse, vers ce point de fuite, à l’horizon.
C’était la belle époque, celle des Dandy Warhols d’avant, celle de la sortie de l’adolescence, mais aussi cette très brève période de la vie d’adulte où l’argent et le temps étaient en abondance. Avant l’époque de la vie ordinaire, avant les responsabilités quotidiennes. Ce moment où l’on pouvait effectivement aller écouter ce genre de groupe sur un coup de tête, où l’on achetait encore des disques compacts.
Et donc, probablement pas loin d’une quinzaine d’années après avoir écouté Brian Jonestown Massacre, est-ce que la musique de la formation d’Anton Newcombe tient toujours la route? En un sens, tout a changé. De l’autre côté, c’est identique aux souvenirs que l’on en avait, il y a bientôt une demi-existence.
D’abord, les guitares, avec juste ce qu’il faut de distorsion. Une distorsion qui colle au corps, qui s’infiltre sous les vêtements, qui fait vibrer l’être entier. Avec cela, une batterie parfois téméraire, toujours dynamique, qui fait hocher la tête et taper du pied. Ensuite, il y a ces claviers qui montrent le bout de leur nez; ces synthétiseurs qui rappellent les sixties et les seventies, ce trip de drogue relativement raisonnable, en quelque sorte. Après tout, nous sommes loin des interminables chansons des Doors, ou encore des expérimentations musicales du prog rock, mais l’effet se fait sentir, malgré tout.
Écouter The Future Is Your Past, c’est laisser aller le poids qui pèse depuis longtemps sur nos épaules; c’est fuir, pendant un instant, la grisaille de l’époque contemporaine pour s’évader dans le soleil couchant, à la limite, parfois, de la musique de western.
Ce que l’on tente de dire, peut-être maladroitement, c’est que ce nouvel album est très, très bon. Clairement, Brian Jonestown Massacre n’a rien perdu de sa superbe, de son mordant. Le groupe est peut-être discret, prêche peut-être aux convertis, mais qui n’a jamais eu envie de se laisser submerger par la musique et se plonger dans ce mélange hétéroclite de rock quasi psychédélique?