Faites inspecter la maison ou l’appartement que vous souhaitez acheter : si Sarah et Jonathan avaient simplement fait appel à un inspecteur, aucun des nombreux malheurs qui s’abattent sur leur tête dans Bungalow ne se serait sans doute produit.
Réalisé et coscénarisé par Lawrence Côté-Collins, ce long-métrage mêlant comédie, drame et quelques pincées de fantastique met en vedette l’excellente Sonia Cordeau et le tout aussi efficace Guillaume Cyr (qu’on a pu voir dans Arsenault et Fils, notamment).
Ce couple un peu beaucoup kitsch et quétaine achète donc ce qu’il conviendrait de définir comme étant une ruine qui tient à peine debout : tout y est vieux, passé date, à refaire, voire sur le point de s’écrouler. Et les deux tourtereaux auront beau s’embarquer dans un très long processus de transformation, le manque d’argent, les mauvaises décisions et le délitement progressif de leur relation menaceront tous de faire capoter le projet.
De fil en aiguille, la malchance fera son oeuvre, d’autant plus que Sarah tombera enceinte et que Jonathan perdra son emploi, ce qui forcera tout le monde à faire des choix de moins en moins réfléchis.
En combinant drame humain, humour parfois franchement grinçant et une bonne dose d’absurdité, Mme Côté-Collins laisse clairement transparaître ses racines de réalisatrice de courts-métrages. Récompensée à Fantasia, entre autres distinctions, elle dispose ici d’un temps qui pourrait paraître extraordinaire : 1h42 au compteur, alors qu’auparavant, à l’exception du docu-fiction Écartée, en 2016, elle n’avait qu’une poignée de minutes pour transmettre sa vision.
Sauf que… sauf qu’avoir tout ce temps, 102 minutes bien tassées, ou à peu près, signifie qu’il faut disposer d’idées suffisamment solides pour que le film tienne la route. Et malheureusement, Bungalow souffre de son ambition. Avec un ton qui part franchement dans tous les sens – de la comédie au drame à ce qui ressemble presque à de l’horreur, puis avec retour à la comédie –, avec des points scénaristiques pourtant majeurs (y compris la fin) qui demeurent inexpliqués, on se demande un peu pourquoi on a consacré tant de temps à des choses moins importantes, tout en donnant l’impression de négliger l’essentiel.
Bref, comme oeuvre de genre présentée dans le cadre d’un festival, Bungalow aurait eu ses chances. Mais comme film grand public, le long-métrage hésite trop à choisir son camp, et finis donc par se perdre dans les méandres de… quelque chose?