À la fin des années 1970 et au début des années 1980, Donald Lavoie vend ses services à Claude Dubois, un membre de la pègre qui règne principalement sur le sud-ouest de Montréal. Habitué aux sinistres besognes, il finira éventuellement traqué par les siens, dans Crépuscule pour un tueur, le plus récent film du réalisateur Raymond Saint-Jean.
Dans la peau de Lavoie, l’acteur Éric Bruneau porte non seulement bien la moustache et le manteau de cuir, il joue très bien cet individu conscient de son importance, mais aussi de plus en plus au fait de la lente dégradation de son état d’être humain relativement sain d’esprit.
Est-ce normal, après tout, de s’affirmer loyal envers et contre tous, et ainsi d’accepter d’éliminer, parfois sauvagement, les caïds et autres revendeurs de drogue qui osent défier le grand patron? Ledit patron est joué par l’excellent Benoît Gouin, mais cela n’est certainement pas une raison pour achever une jeune femme à coups de couteau.
Et donc, Crépuscule pour un tueur possède un titre tout à fait approprié : on y suit la lente chute d’un homme, voire le passage de l’état d’humain à celui d’animal, à mesure que les sinistres commandes se multiplient. Lavoie tuera de plus en plus souvent, et même de façon de plus en plus impulsive. Mais l’idée que l’on parvient très rarement à « prendre sa retraite » du crime organisé n’en demeure pas moins vraie, ici, et notre héros, si tant est que l’on puisse qualifier un monstre sanguinaire de héros, sera confronté à la même violence sans queue ni tête qu’il a contribué à alimenter.
Avec une bonne distribution, y compris Sylvain Marcel en haut gradé de la brigade antigang qui semble beaucoup trop s’amuser, le long-métrage de Raymond Saint-Jean est un bon film, et un divertissement efficace, surtout pour les nostalgiques d’il y a une quarantaine d’années.
Mais il manque, malgré tout, un petit quelque chose pour que l’aventure cinématographique soit vraiment mémorable. Aurait-on besoin d’un véritable voyage dans la psyché du personnage principal? Devrait-on le voir s’interroger davantage sur ses motivations personnelles, ou encore multiplier les prises de bec avec celui qui finira par le trahir?
Impossible de répondre clairement à cette question. Le fait est, toutefois, que Crépuscule pour un tueur, s’il est un film techniquement très bien réussi, avec du bon jeu et une brochette d’acteurs qui n’ont rien de particulier à se reprocher, n’en reste pas moins simplement une oeuvre cinématographique, et n’accède pas au saint des saints, c’est-à-dire la liste de ces films dont on se souviendra longtemps.
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