Le Métavers, cette univers numérique faisant l’objet d’une mise en avant particulièrement importante de la part de diverses entreprises du secteur technologique, notamment de Meta, la maison mère du géant des réseaux sociaux Facebook, n’a pourtant pas la faveur de près de la moitié (45 %) des développeurs de jeux vidéo interrogés dans le cadre d’une enquête.
L’enquête en question, réalisée chaque année par la Game Developpers Conference (GDC), a été effectuée auprès de « plus de 2300 » développeurs de jeux, selon ce qu’on peut lire dans le rapport prosaïquement intitulé State of the Game Industry.
Le document indique d’ailleurs que le Métavers souffre de plusieurs problèmes, notamment de ne représenter… rien de concret.
« Les gens qui tendent de le vendre n’ont aucune idée de ce que c’est, et c’est la même chose pour les consommateurs. Vous rappelez-vous ce qui s’est passé il y a une décennie, et ce qui se passe encore, avec les jeux vidéo dans l’infonuagique? », lit-on dans le document.
On évoque aussi le coût élevé des appareils nécessaires pour y accéder, généralement au moins un casque de réalité virtuelle, et parfois même un ordinateur puissant associé pour afficher les environnements numériques.
Sans compter plusieurs autres enjeux spécifiques, notamment l’optimisation, de meilleures stratégies commerciales, etc.
Mais si le Métavers, comme construction virtuelle, ne semble pas vraiment intéresser les concepteurs de jeux – à peine 14 % des répondants jugeant que Fortnite, développé et offert par Epic, pourrait atteindre ce Saint Graal d’un monde en ligne rassemblant toutes les interactions –, cela ne veut pas dire que l’industrie n’a pas envie de se tourner vers la réalité virtuelle.
De fait, dans le cadre d’une question où il était permis de choisir plusieurs réponses, 39 % des développeurs se sont dits intéressés par le Meta Quest, le casque de réalité virtuelle de Meta. Le casque PlayStation VR2, qui sera lancé prochainement, recueille quant à lui 35 % des réponses, alors que le Valve Index, mis en marché par le géant derrière la plateforme Steam, suscite l’intérêt de 24 % des répondants.
Le Meta Quest se retrouve aussi en tête de liste des plateformes de réalité virtuelle ou augmentée sur lesquelles le « prochain jeu » des développeurs devrait sortir, avec 36 % des choix multiples. Dans ce cas, cependant, la réponse « autre », qui n’est ainsi pas les différents projets de Meta, ni le casque de PlayStation, ni l’Index de Valve, ou encore d’autres plateformes comme celle de Google, ou encore celle de Microsoft, recueille 46 % des choix.
Le PC en tête
Malgré les rumeurs courant depuis de nombreuses années à propos de la chute de l’ordinateur personnel comme plateforme de jeux, la réalité est tout autre : selon l’enquête de GDC, plus de la moitié (57 %) des futurs titres sortiront sur PC, que ce soit de façon exclusive ou dans le cadre d’une sortie sur plusieurs plateformes.
La PlayStation 5 se classe deuxième, avec 33 % des réponses dans le cadre de cette question à choix multiples, et la Xbox Series X et S obtient 28 % des résultats.
Les deux principaux systèmes d’exploitation mobiles, Android et iOS, arrive tout près derrière, avec 25 et 24 % des choix, respectivement. La console Switch de Nintendo, elle, réussit moins bien, avec seulement 19 % des choix.
Les jeux à acheter ont encore de beaux jours devant eux
Scepticisme face au Métavers, popularité du PC… Les méthodes et plateformes traditionnelles semblent encore avoir du vent dans les voiles, chez les développeurs de jeux vidéo. Autre preuve : la moitié d’entre eux utilisent encore un modèle d’affaires classique, c’est-à-dire de faire payer les joueurs à l’avance pour télécharger un jeu.
Le portrait est cependant un peu plus nuancé, d’autant plus que pour cette question sur leur projet en cours, les répondants pouvaient à nouveau sélectionner plusieurs réponses.
Ainsi, 36 % des développeurs évoquent aussi des jeux dont le téléchargement est gratuit. Par la suite, les choses se compliquent légèrement : 25 % parlent de contenus supplémentaires et de mises à jour payants, alors que 21 % proposent plutôt de rendre le tout disponible sans frais; 23 % des projets comporteraient aussi des objets à acheter dans le jeu avec des dollars sonnants et trébuchants, alors que 19 % des développeurs parlent d’une monnaie propre au jeu, qu’il faudrait acheter.
Par ailleurs, 10 % des répondants envisagent un modèle fonctionnant sur de la publicité intégrée dans le jeu, tandis que 9 % se tourneront plutôt vers des abonnements, à l’instar de ce que Microsoft offre avec sa Game Pass.
Enfin, la chaîne de blocs, ce concept supposé révolutionner le monde de la finance et l’univers numérique, mais qui a surtout permis de cumuler les fraudes massives, d’émettre de grandes quantités de GES en « minant » des cryptomonnaies et de faire plonger le cours de ces dernières, continue de susciter l’opposition de plus de la moitié (56 %) des développeurs… une opinion qui, disent ceux-ci, n’a pas changé depuis la dernière fois où l’enquête a posé cette même question. À l’opposé, à peine 12 % des répondants étaient déjà favorables et le sont restés; 5 % des personnes interrogées ont changé d’avis et ne souhaitent plus l’utilisation de la chaîne de blocs dans leur jeu, alors que l’inverse n’attire que 2 % des participants.