L’intérêt pour la période médiévale, et surtout pour son mélange de guerres, de commerce, de politique et de religion ne se dément pas : à preuve, Knights of Honor II : Sovereign, un jeu de gestion et de stratégie qui combine non seulement tous ces aspects, mais aussi s’inspire allègrement d’autres titres hélas tous un peu plus développés, dans leur genre.
Développé par Black Sea Games et publié par THQ Nordic, le jeu est, comme son nom l’indique, la suite – ou, du moins, la suite putative – de Knights of Honor, sorti en 2005, et déjà développé par le même studio. Le principe y est le même : dans un pays ou une région, le joueur est responsable du développement économique, des relations politiques, de l’impact de la religion et, ultimement, des aventures militaires, qu’il s’agisse d’un raid contre une ville voisine de ses frontières, ou encore de tenter de mettre une nation entière à genoux.
Il faudra aussi gérer plusieurs personnages, dont son souverain, en leur assignant des missions, en leur faisant gouverner des villes, ainsi qu’en développant leurs capacités à l’aide de points de savoir créés à l’aide de bâtiments spéciaux que l’on pourra construire.
En fait, la série Knights of Honor II tient davantage du jeu de gestion que du jeu de stratégie. Oh, il y a certainement une dimension militaire à n’importe quelle partie, d’autant plus qu’il ne faudra bien souvent pas attendre très longtemps pour qu’un voisin vous invite à déclarer la guerre à un tiers parti, ou pour qu’une nation étrangère ne tente de vous envahir, mais on dirait que les développeurs ont décidé de laisser un peu tomber le côté pratico-pratique de la chose, c’est-à-dire le moment où tout le monde s’étripe dans la boue, pour se concentrer sur le reste.
Et il n’y a techniquement rien de mal à ça; après tout, des jeux de stratégie particulièrement populaires, comme Hearts of Iron IV, ne sont largement que des titres où ce ne sont que des ensembles de nombres qui se font la guerre, avec des représentations visuelles pour rendre le tout moins monotone.
Mais à l’instar d’HOI IV, Knights of Honor II souffre d’un grave problème : le jeu veut tout faire. Gérer des relations politiques et économiques complexes entre différents États; devoir gérer la production industrielle et la paix sociale dans diverses villes, à travers un territoire pouvant devenir très étendu; s’occuper d’améliorer les capacités de plusieurs personnages ayant chacun leur utilité et leur spécialité, en plus d’encadrer le développement de votre dynastie royale; recruter des unités militaires pour protéger vos frontières et prendre de l’expansion, et bien entendu mener des batailles et des sièges non seulement sous la forme d’une simple simulation, comme dans Crusader Kings, mais en temps réel sur le terrain, à la manière des jeux Total War.
Par-dessus tout cela, puisqu’il faut bien apprendre comment garder la tête hors de l’eau, le jeu nous propose un tutoriel formé de dizaines de fenêtres d’information qui s’enchaînent les unes après les autres. Il n’existe sans doute pas de façon parfaite d’expliquer des façons de faire, surtout si le jeu ne s’accompagne pas d’un manuel, mais cette méthode donne l’impression que le jeu est simplement surchargé.
Cette idée n’est en rien aidée par une interface utilisateur offrant elle aussi trop de tableaux, de cases, de menus qui en viennent parfois à se superposer les uns sur les autres.
On pourrait peut-être s’en tirer avec une expérience agréable si, justement, le produit final semblait suffisamment différent, suffisamment accrocheur pour que le joueur ait envie d’y consacrer de nombreuses heures. Mais on a surtout l’impression d’avoir à la fois trop et pas suffisamment de choix. Il est possible de choisir entre des dizaines de pays, mais impossible d’effectuer un zoom arrière suffisamment longtemps pour avoir une vue d’ensemble; on nous promet des batailles épiques, mais les paramètres faisant la différence entre la victoire et la défaite sont imprécis et abscons; on offre un jeu en temps réel, probablement pour rendre les choses plus directes, plus excitantes, mais il faut souvent accélérer le défilement du temps jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose, etc.
Fondamentalement, l’idée de Knights of Honor II : Sovereign n’est pas mauvaise. Mais l’exécution est si ordinaire que l’on se prend à vouloir se tourner qui vers des jeux de gestion plus purs, comme Banished, Foundation et les autres, qui vers des jeux portant davantage sur la stratégie militaire, comme Total War, par exemple.
Knights of Honor II : Sovereign
Développeur : Black Sea Games
Éditeur : THQ Nordic
Plateforme : Windows (Steam)
Jeu disponible en français