Un groupe de chercheurs de la Meta Fundamental AI Research Diplomacy Team (FAIR), affiliée à plusieurs institutions scientifiques américaines, a ajouté un module de négociation à son système d’intelligence artificielle permettant de jouer au jeu Diplomacy. Et les résultats, de l’avis des chercheurs, sont non seulement particulièrement impressionnants, mais ont aussi permis de dissimuler la véritable identité de ce système.
Les résultats de ces travaux sont publiés dans Science, y compris ce qu’il est advenu lorsque l’IA a affronté de véritables joueurs humains en ligne.
Diplomacy est considéré comme l’un des jeux de société les plus complexes jamais conçus – le titre recrée les événements entourant la Première Guerre mondiale, lorsque plusieurs nations européennes étaient en guerre les unes contre les autres, et tous les pays n’avaient pas clairement choisi un camp.
Dans le cadre de ce jeu, les joueurs doivent négocier le meilleur résultat possible pour leur nation, en fonction d’accords mutuels, des résultats d’affrontements, des camps respectifs et des échanges diplomatiques.
Ceux-ci, comme l’indique le nom du jeu, sont essentiels lors d’une partie; la capacité de faire preuve de diplomatie est toutefois un talent difficile à décrire. Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs de FAIR ont amélioré une précédente version d’une IA qui jouait seulement la portion « jeu de plateau » de Diplomacy, en ajoutant un module qui participe à des échanges diplomatiques en temps réel, dans la langue de Shakespeare, avec d’autres joueurs humains.
Le nouveau système d’IA, appelé CICERO, a été bâti autour de deux composantes principales : le premier traite les dialogues et l’autre produit des analystes stratégiques. Celui-ci est demeuré largement inchangé par rapport à la précédente version de l’IA.
Cependant, l’équipe de recherche a conçu un nouvel engin qui pouvait servir à recevoir les dialogues de la part des autres joueurs, les transmettre, puis recevoir des plans stratégiques transposés sous forme de dialogues, qui sont ensuite envoyés aux autres joueurs.
Cet engin servant aux dialogues a été « entraîné » à l’aide de 50 000 conversations survenues dans des parties rassemblant des joueurs humains.
Une fois le système mis au point et testé à l’interne, l’équipe s’est connectée à une version en ligne de Diplomacy, où les joueurs ne se connaissent pas. CICERO a joué de façon anonyme, comme le ferait une personne en chair et en os. Et donc, l’IA devait non seulement jouer le jeu comme le ferait un humain, mais aussi accomplir le tout sans que ses adversaires ne se rendent compte qu’ils jouaient contre un ordinateur.
Les chercheurs ont constaté que seulement un joueur humain avait eu des soupçons quant à l’identité de CICERO. Par ailleurs, l’IA s’est avérée une diplomate plus efficace que la plupart des adversaires humains, en réussissant à terminer parmi les 10 % des participants les mieux cotés.