Dans un petit village de pêcheurs, quelque part en Irlande, le retour d’un fils parti faire fortune en Australie, mais plutôt rentré bredouille au bercail, passera bien près de faire éclater sa famille, dont la cohésion était déjà particulièrement fragile.
Réalisé par Saela Davis et Anna Rose Holmer et scénarisé par Shane Crowley, God’s Creatures se déroule donc dans ce hameau de pêcheurs – voire même de pécheurs, si l’on se sent l’âme catholique –, où la vie suit son cours, mais où un drame n’est jamais loin. Pendant que les femmes sont à l’usine pour y traiter les produits de la mer, les hommes, eux, sortent sur les flots parfois dangereux, avec des conséquences ultimement funestes.
C’est dans ce contexte d’existences difficiles que débarque Brian O’Hara, parti depuis quelques années, et qui devra recommencer à gravir les échelons de cette société fonctionnant pratiquement en vase clos. Avec, à la clé, quelques petites magouilles, ici et là. D’ailleurs, tout le monde semble un peu tricher, dans ce village. Que ce soit de façon directe ou non, l’économie souterraine et les mensonges ont la cote.
Ce qui ne fonctionne pas, cependant, c’est cette culture du secret, voire peut-être cette culture du viol, qui semble imprégner tout un chacun. Dans les sombres ruelles désertes, ou encore dans les chambres des maisons battues par les vents et la pluie, certaines choses semblent s’être produites… Et ces choses ont bel et bien des conséquences, parfois des années plus tard.
Les amateurs des films produits par le studio A24 ont l’habitude des longs-métrages où quelque chose d’inquiétant ou d’angoissant finit par chambouler le déroulement « normal » du film, pour plonger les cinéphiles dans un univers juste assez différent – ou parfois carrément déjanté – pour sortir du cadre et ainsi offrir une expérience généralement hors du commun.
Ici, pourtant, alors que l’on avait réuni les ingrédients idéaux pour offrir quelque chose de probablement audacieux, avec cette communauté isolée et ces traumatismes anciens plus ou moins bien enfouis, on ne nous propose qu’un scénario relativement traditionnel. Le scénario en question est satisfaisant, certes, mais convenu, sans grand moment où les attentes des cinéphiles ont été remises en question.
God’s Creatures n’est pas un mauvais film, loin de là. Le hic, en fait, ce que malgré une bonne distribution, une bonne musique et une très bonne direction photo, on a l’impression d’avoir vu ce scénario un nombre incalculable de fois.