Résumant plus d’un siècle d’événements marquants en l’espace de quatre albums, la série Elle s’appelle Echo de Katherena Vermette, Scott B. Henderson et Donovan Yaciuk constitue une manière ludique de s’initier à l’histoire, malheureusement peu connue, du peuple Métis.
Echo Desjardins est une métisse de treize ans habitant avec sa tante et ses cousins au Manitoba. Elle ne connaît à peu près rien de l’histoire de son peuple, et comme plusieurs jeunes de sa génération, elle est largement déconnectée de sa propre culture. L’adolescente introvertie fréquente la Winnipeg Middle School, où elle a de la difficulté à se faire des amis. Durant un cours portant sur la vie des Autochtones au début du XIXe siècle, Echo s’endort et se retrouve transportée comme par magie dans le passé. Elle devient alors le témoin privilégié des épreuves qu’ont subies ses ancêtres, ce qui lui permettra de renouer avec son héritage.
Dans le premier tome, intitulé La guerre du Pemmican, Echo se retrouve en 1814. Afin de s’assurer qu’il y a assez de provisions pour nourrir les colons, le gouverneur Macdonell interdit la chasse au bison à dos de cheval, menaçant par le fait même la survie des Autochtones de l’Ouest canadien. La résistance de la rivière Rouge, le second volume, catapulte l’adolescente en 1869, alors que la Compagnie de la Baie d’Hudson vend sept millions d’acres de terre, dont plusieurs appartiennent aux Métis, au Dominion du Canada. Elle y fait aussi la rencontre de Louis Riel au moment où ce dernier forme un gouvernement provisoire afin de négocier avec les autorités canadiennes.
Le troisième tome, La résistance du Nord-Ouest, prend place en 1885. De retour après un exil forcé, Louis Riel envoie des dizaines de pétitions au gouvernement du Canada, qui refuse de reconnaître les droits des siens. L’armée est envoyée au Manitoba pour procéder à son arrestation, et bien que ses frères soient prêts à prendre les armes pour le défendre, Riel accepte de se rendre aux autorités afin d’éviter un bain de sang. L’ère des réserves routières, le dernier volume de la série, relate le procès et la pendaison de Riel. Chassés de leur territoire malgré tous les traités, les Métis se retrouvent réduits à squatter sur des terres de la Couronne inutilisées, appelées les réserves routières.
Scénarisée par l’écrivaine métisse Katherena Vermette, la série Elle s’appelle Echo constitue une véritable leçon d’Histoire vivante sur les Métis. À travers les voyages dans le temps de la jeune héroïne, on assiste à la guerre commerciale entre la Compagnie de la Baie d’Hudson et la Compagnie du Nord-Ouest pour le contrôle de la région où se trouve aujourd’hui Winnipeg, aux luttes constantes de ce peuple pour faire reconnaître leurs droits, maintes fois bafoués par le gouvernement canadien, et aux nombreuses batailles auxquelles ils seront forcés de prendre part. Malgré le côté tragique et révoltant des événements historiques qu’elle dépeint, la série réussit tout de même à se conclure sur une note d’espoir.
D’un coup de crayon méticuleux, Scott B. Henderson, un artiste natif du Manitoba, livre des dessins raffinés qui auraient leur place dans des comics américains de DC ou Marvel. Troupeaux de bisons sauvages ruant à travers la plaine, carrioles tirées par des chevaux, campements de tipis, il laisse souvent parler les images d’elles-mêmes, et plusieurs de ses scènes, très atmosphériques, ne contiennent aucun dialogue. Ses illustrations redonnent vie aux fêtes, aux danses, et au mode de vie traditionnel des Métis. La coloration de Donovan Yaciuk utilise une méthode efficace pour départager rapidement les époques. Les paysages du 19e siècle possèdent des couleurs vibrantes, tandis que la modernité s’affiche dans des teintes plus mornes.
Chacun des quatre livres se termine par une chronologie complète des événements qui y sont relatés. On trouve également toute une série de documents fort intéressants dans chaque tome. Le premier par exemple contient la recette traditionnelle du pemmican. Le second la liste des droits des Métis rédigée par le gouvernement provisoire. Une biographie de Gabriel Dumont conclut le troisième tome, et la reproduction du certificat officiel donnant droit à une terre se retrouve à la fin du dernier volume. Ça serait une très bonne idée que Glénat fasse éventuellement paraître une édition regroupant les quatre albums dans un seul volume.
Tant qu’on ignore toutes les atrocités qui ont été commises à leur égard, il est impossible d’avoir une véritable réconciliation avec les membres de Premières Nations, et que l’on soit Blanc ou Autochtone, la série Elle s’appelle Echo constitue une excellente façon de découvrir l’Histoire du peuple Métis.
Elle s’appelle Echo – Tome 1 : La guerre du Pemmican, de Katherena Vermette, Scott B. Henderson, Donovan Yaciuk. Publié aux éditions Glénat, 48 pages.
Elle s’appelle Echo – Tome 2 : La résistance de la rivière Rouge, de Katherena Vermette, Scott B. Henderson, Donovan Yaciuk. Publié aux éditions Glénat, 48 pages.
Elle s’appelle Echo – Tome 3 : La résistance du Nord-Ouest, de Katherena Vermette, Scott B. Henderson, Donovan Yaciuk. Publié aux éditions Glénat, 48 pages.
Elle s’appelle Echo – Tome 4 : L’ère des réserves routières, de Katherena Vermette, Scott B. Henderson, Donovan Yaciuk. Publié aux éditions Glénat, 48 pages.