Les années passent, mais apparemment, ce n’est pas le cas pour les pandémies. L’éternelle apocalypse sanitaire n’a pas empêché l’équipe du Théâtre du Rideau Vert de présenter 2021 revue et corrigée, passage obligatoire (et largement amusant) avant l’arrivée de la nouvelle année.
À l’instar du Bye bye et autres manifestations culturelles similaires, 2021 revue et corrigée a la lourde tâche de tout couvrir, de tout aborder, tout en s’assurant que tous les spectateurs soient en mesure de comprendre ce qui se dit, ou encore ce qui se chante. Plus difficile encore, pas question de pouvoir effectuer du montage, ici. Certes, on y a présenté plusieurs capsules vidéo tournées à l’avance, mais l’essentiel se déroulait en direct, sur scène.
Cela implique certaines contraintes d’espace et de temps: entre deux gros numéros, on nous présentera donc l’une de ces capsules, ou encore ce qui est sans doute le meilleur running gag de la soirée: une imitation de Nicolas Ciccone et de sa polémique chanson GAFA, mais adaptée à la sauce inflation. De l’essence aux matériaux de construction, en passant par le prix des aliments, rien n’échappe à ce passage au tordeur musical, y compris les gros lolos, bien entendu.
Valsant entre la parodie pure et simple de personnages culturels et politiques et la critique sociale, le spectacle tire un peu sur tout ce qui bouge, avec, à la clé, certaines longueurs, ou le risque de ne pas savoir de qui les comédiens sont en train de rire, sur scène. Certains numéros, comme la parodie de l’émission de Julie Snyder, par exemple, tombent légèrement à plat, tout comme le trop long sketch sur Pénélope McQuade et Hubert Lenoir. Mais peut-être est-ce, après tout, une question de préférence ou de connaissances personnelles? Dans la salle, remplie à craquer de membres du milieu artistique, justement, on s’esclaffait à qui mieux mieux à des moments où ce journaliste semblait un peu perdu.
Quoi qu’il en soit, plusieurs perles ont égayé la soirée. La capsule et le sketch sur Damien Robitaille, homme-orchestre extraordinaire, ont provoqué des fous rires contagieux. Idem pour la fantastique parodie mêlant Laurel et Hardy et Denis Coderre, l’ancien et le nouveau. Et que dire de l’idée de reprendre l’étrange personnage de la sexologue de Si on s’aimait pour tenter de réconcilier des personnes autrement en colère, comme Gabriel Nadeau-Dubois et François Legault, ou encore Patrick Roy et Mario Tremblay (avec clin d’oeil à Uber Eats au passage)?
Chapeau, aussi, à cette réinterprétation de la terrible histoire des pensionnats pour autochtones sous la forme d’un conte de Fred Pellerin, ou encore à cette excellente imitation de Mike Ward.
Mais le clou de la soirée, c’est le fantastique jeu de Tommy Joubert, qui est non seulement clairement en train de s’amuser sur scène, mais présente une capacité d’adaptation et d’interprétation à couper le souffle. Souffle dont M. Joubert dispose amplement, si l’on se fie à son imitation incroyable de Céline Dion.
Quelque 90 minutes et des poussières après avoir débuté, le spectacle 2021 revue et corrigée prend fin sous un tonnerre d’applaudissements. Non seulement parce que l’offre culturelle est de très grande qualité, mais aussi parce que ce léger retour à la normale donne espoir que 2022 sera meilleure. Reste à se vacciner et à continuer de se protéger…