Dans le désert de Gobi, Rita Houle, coureuse automobile spécialisée dans le rallye plus extrême, va mourir. Dans la salle des presses d’un petit journal local, un reporter sportif devenu soudainement biographe officiel de cette vedette québécoise à l’international, tente désespérément de la retrouver pour lui venir en aide. Mais est-ce que tout cela est vrai?
Rita au désert, une pièce écrite et mise en scène par Isabelle Leblanc, et jouée sur les planches du Quat’sous, est une histoire en plusieurs couches. D’abord, la couche superficielle: le personnage de Roger La Rue est bel et bien coincé avec Rita (Alexandrine Agostini), dans une voiture de rallye, quelque part dans le désert de Gobi. Le véhicule est en panne, la nuit tombe, et la possibilité de s’en tirer est plus que mince.
Le drame, raconté le souffle court, donne l’impression d’y être. On sent ainsi le froid s’immiscer dans nos membres, la peur tordre nos entrailles. Faut-il accepter son sort? Ou se transporter dans cette deuxième couche du récit, sous la surface, où il est plutôt question d’un homme, lointain cousin d’une vedette du sport automobile, qui tente par tous les moyens de s’assurer que ladite coureuse de rallye se porte bien, ou, du moins, que des équipes de secours sont à sa recherche?
Plus la pièce avance, plus ces niveaux de sens s’ajoutent à l’ensemble, donnant chaque fois un peu plus d’épaisseur à cette construction scénaristique que l’on explore petit à petit.
À travers tous ces rebondissements et ces revirements de situation, Roger La Rue se montre particulièrement solide. La pièce repose sur ses épaules, après tout, et le comédien n’a jamais caché son talent théâtral, qu’il peaufine depuis plusieurs années.
Ici, rien à lui reprocher, si ce n’est, peut-être, certaines décisions scéniques qui, de toute façon, ne sont pas de son ressort: on déplorera ainsi le fait de lui faire prononcer certaines répliques dans un environnement sonore parfois presque assourdissant. Rien pour enlever au réalisme du contexte – une salle des presses est généralement bruyante, après tout –, mais le théâtre peut se permettre certaines digressions pour faciliter la compréhension d’un texte, par exemple.
Autrement, Rita au désert est une exploration plus qu’intéressante de la notion de réalité, dans un monde où chacun peut se créer sa propre « trame narrative ». De là à évoquer des fake news, surtout de la part d’un journaliste, il n’y a qu’un pas, mais nous ne sommes heureusement pas dans une question de haine journalistique. C’est plutôt la pertinence et le côté véritablement concret de notre quotidien qui est remis en question.
Rita au désert, une pièce écrite et mise en scène par Isabelle Leblanc. Avec Roger La Rue et Alexandrine Agostini. Présentée au Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 4 décembre.