Après un premier tome décrivant les ravages d’une pandémie mondiale ressemblant beaucoup à la COVID-19, l’épisode 2 de La Chute propose un récit de survie un peu plus convenu, dans un monde où la civilisation s’est effondrée.
Relatant les conséquences de l’éclosion d’un influenzavirus surnommé la « grippe estivale » et paru l’an dernier au début de la pandémie de COVID-19, le premier tome de La Chute (lire notre critique ici) s’est avéré inconfortablement prophétique, d’autant plus que bon nombre de mesures évoquées dans la bande dessinée et qui n’étaient pas encore en vigueur à l’époque, comme les cours donnés en ligne plutôt que dans les salles de classe, l’interdiction des rassemblements, le couvre-feu et l’obligation de porter un masque facial en public, sont devenues réalité pour la majorité de la population planétaire. L’album imaginait aussi une récession et une crise économique sans précédent, et même si certains survivalistes du dimanche ont fait des provisions exagérées de papier de toilette au commencement de la première vague, nous n’avons heureusement pas vu les gens se battre entre eux pour mettre la main sur les rares denrées disponibles dans les épiceries.
Bien qu’il soit un peu moins visionnaire et verse davantage du côté du récit de survie classique, ce deuxième épisode de La Chute évoque une version moins sombre du roman La route de Cormac McCarthy où Liam, un père de famille, tente de prendre soin et de protéger ses deux enfants, Max et Sophia, dans un monde où la civilisation s’est totalement effondrée suite à une pandémie. Sans électricité, sans chauffage, et surtout sans rien à manger, la petite famille décide maintenant de quitter la ville pour se réfugier à la campagne au chalet des beaux-parents, mais à court d’essence, ils devront faire une bonne partie du voyage à pied et affronter les rigueurs de l’hiver et de la faim. Sans trop dévoiler de l’intrigue, ce second opus se concentre davantage sur les deux enfants puisque le père, blessé par balles lors d’une escarmouche avec une bande de survivants violents, passera une bonne partie de l’album inconscient et fiévreux.
Les illustrations dans La Chute – épisode 2 sont aussi splendides et peaufinées que celles du premier tome, et l’on retrouve avec plaisir le trait minutieux de Jared Muralt, tout comme ses angles de vue dramatiques sur l’action. L’imagerie va cependant dans une tout autre direction cette fois-ci. L’artiste délaisse en effet les paysages urbains apocalyptiques, avec ses émeutes et ses affrontements avec la police, ses rues jonchées de détritus et de cadavres, et ses carcasses de voitures encombrant les autoroutes, en faveur de décors champêtres, notamment les forêts enneigées et les montagnes des Alpes. Grâce à une coloration très efficace, les aurores et crépuscules sont magnifiquement réalistes, et les flocons recouvrent la plupart du temps cette fin du monde d’un rideau paradoxalement paisible, créant un contraste intéressant. L’album se termine sur un carnet de croquis de quelques pages.
Si son récit est un peu moins prophétique que celui de l’album précédent, les événements dépeints dans ce deuxième épisode de La Chute offrent tout de même une consolation en montrant que, malgré l’année de pandémie que nous venons de vivre, les choses auraient pu être encore pires.
La Chute – Épisode 2, de Jared Muralt. Publié aux éditions Futuropolis, 88 pages.
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