Malgré une croissance ralentie par la pandémie, la popularité des voitures devrait continuer de prendre de l’ampleur, notamment en raison de l’inévitable reprise économique et l’éventuelle interdiction de vente de voitures à essence dans diverses juridictions, y compris au pays. Selon une nouvelle étude, toutefois, l’engouement pour ce nouveau genre de véhicules pourrait se heurter à un problème de taille: l’accès à des bornes de recharge et à un réseau électrique capable d’encaisser la demande plus forte.
« S’il y a un million de voitures électriques et qu’elles sont toutes mises en charge en même temps, il y aura énormément de problèmes sur le réseau et il pourrait en résulter des pannes d’électricité », affirme ainsi Claude El-Bayeh, du département de génie électrique et informatique de l’Université Concordia, dans un article publié dans le World Electric Vehicle Journal.
« Au lieu d’améliorer la stabilité du réseau et de réduire la pollution grâce aux véhicules électriques, nous obtenons l’effet inverse. C’est pourquoi nous devons mettre au point des algorithmes qui assurent un équilibre entre les contraintes exercées sur les réseaux et les besoins des conducteurs de véhicules électriques (VE) », ajoute-t-il.
De son côté, le cabinet Deloitte a récemment publié une analyse de marché des véhicules électriques qui stipule qu’en date de 2030, les ventes de VE pourraient représenter 32% des ventes de véhicules neufs. Dans un peu moins de 10 ans, écrivent les experts, la Chine devrait représenter 49% du marché, comparativement pour 27% en Europe et 14% aux États-Unis.
L’un des facteurs alimentant (ou non) la croissance repose, lit-on, sur la disponibilité de bornes et d’infrastructures de recharge électrique. Cet aspect de la possession (et de la conduite) d’un véhicule électrique est considérée comme particulièrement importante dans bon nombre de pays où a été évalué l’intérêt des consommateurs. « Cela reflète la possibilité que les consommateurs commencent à voir les VE comme une option réaliste et évaluent le côté pratique de la possession d’un tel véhicule. »
Pour M. El-Bayeh, la plupart des régions du monde, où l’on peut notamment offrir des tarifications variables pour l’énergie, en fonction des périodes de pointe, ne possèdent pas de réseau électrique adapté à une soudaine hausse de la consommation, comme dans le cas où, par exemple, des millions de personnes rentreraient à la maison après une journée de travail et brancheraient leur voiture électrique vers l’heure du souper. Cela, dit-il, pourrait entraîner de « graves problèmes ».
Ce qu’il faut, dit-il, c’est d’abord mettre au point des algorithmes visant à optimiser les heures de recharge de tous ces véhicules, pour justement éviter les pointes particulièrement onéreuses.
Ensuite, dit-il, il pourrait être possible d’adapter les réseaux électriques pour permettre que les véhicules électriques fournissent une partie de l’énergie de leur pile pour éviter de trop grandes fluctuations sur le réseau.
Aucune de ces stratégies n’est encore suffisamment au point pour être employée dans l’immédiat, souligne cependant le chercheur.
La solution? En parallèle, écrit M. El-Bayeh, il faudrait favoriser l’adoption de véhicules solaires pour réduire la pression sur les réseaux électriques. Le hic, peut-être, c’est qu’il n’existe actuellement aucun véhicule avec panneaux solaires disponible pour le consommateur moyen. Un autre obstacle à surmonter au cours des prochaines années, donc. En attendant le développement de meilleurs services de transport collectif?