Des guerriers immortels, mais dont l’immortalité peut prendre fin soudainement; un groupe de mercenaires vivant à l’abri des regards, tout en influençant le déroulement de l’histoire… On pourrait croire que la prémisse de The Old Guard, un film de superhéros récemment lancé sur Netflix, a tout ce qu’il faut pour offrir un divertissement agréable, voire pour jeter les bases d’une franchise. Pourtant, l’oeuvre est un ratage complet.
Sous l’égide de nulle autre qu’Andromaque, Booker, Joe et Nicky forme une petite équipe de combattants qui réussissent normalement à effectuer des missions particulièrement difficiles et à atteindre aisément leur objectif. Leur secret? Ils ne peuvent pas mourir, et à l’image de Wolverine, dans la série X-Men, guérissent très rapidement de leurs blessures.
Pourtant, leur superpouvoir peut tout à fait prendre fin sans crier gare. Voilà pourquoi plusieurs anciens compagnons d’Andromaque (Charlize Theron) ont perdu la vie sur le champ de bataille, chaque mort étant accompagnée d’un lourd tribut mental et émotionnel.
À l’époque contemporaine, ces quatre amis immortels sont poursuivis par les mercenaires d’une mégacompagnie pharmaceutique, dont le patron souhaite développer un « médicament » contre la mortalité, rien de moins. Et il ne reculera devant rien, y compris tuer à répétition ses captifs, pour y parvenir.
Entre temps, l’équipe fait la connaissance d’une cinquième immortelle, qui prend conscience de sa condition, disons, particulière, lorsqu’elle est égorgée par un combattant afghan, lors d’une mission assignée à son peloton de marines américains. Cette jeune femme sera rapidement « recrutée », ou plutôt enlevée par Andromaque, afin de lui éviter de finir ses jours dans un laboratoire, quelque part dans une base secrète américaine.
La suite de The Old Guard consistera en une longue série de combats et de fusillades, notamment pour aller secourir les divers membres de l’équipe qui finiront par être capturés et emprisonnés dans les laboratoires. Ces affrontements, tous similaires et sans véritable enjeu, deviennent rapidement ennuyants, d’autant plus que le « méchant » du film, le fameux patron de la multinationale pharmaceutique, est joué par un acteur inapte et inintéressant.
Même la fameuse Andromaque, un personnage que l’on dit avoir influencé l’histoire mondiale à d’innombrables reprises à travers les siècles, est jouée par une Charlize Theron qui semble compter les minutes avant de pouvoir récupérer son chèque. Non pas qu’elle joue nécessairement mal, mais lorsque le scénario ne possède véritablement aucun attrait, comment inventer des répliques à dire et des gestes à poser pour rendre le tout intéressant? Il est pénible de voir Mme Theron, dont les qualités d’actrice ne sont certainement plus à démontrer, se commettre dans un navet pareil.
Tout cela tient peut-être au fait que le film est réalisé par Gina Prince-Bythewood, dont l’expérience ne tient qu’aux comédies romantiques passées sous le radar. Le script, lui, découle du travail de Greg Rucka, un bédéiste américain. Il est d’ailleurs l’un des auteurs de la bande dessinée originale, qui a servi de source au film.
The Old Guard démontre donc qu’adapter des bandes dessinées ou des romans graphiques est quelque chose d’extrêmement risqué, et que les scénaristes et réalisateurs s’y cassent généralement les dents. On aurait aimé voir nos protagonistes combattre dans le passé, que ce soit lors des guerres de l’Antiquité, ou durant les Croisades. Mais non; la seule preuve de l’existence de ces événements découle d’une séance d’explications de Chiwetel Ejiofor, sans plus. Un gâchis monumental, qui n’est complété que par le fait que l’on semble, à la toute fin, laisser entrevoir une suite. Pitié.