Les développeurs de Bloober Team plongent de nouveau tête première dans l’horreur psychologique et le thriller avec Layers of Fear 2, une suite qui, hélas, n’est pas à la hauteur de l’original.
À bord d’un paquebot transatlantique devant servir de décor à une mystérieuse production hollywoodienne, et depuis devenu le site d’une série d’actes horrifiants et terrifiants, le joueur, en tant qu’acteur récemment embauché pour cet étrange tournage dirigé par un réalisateur possiblement fou, devra mettre au jour de sombres secrets.
Tout comme son prédécesseur, qui se déroulait dans un gigantesque manoir victorien désert, Layers of Fear 2 place le protagoniste au centre d’un monde vide. Vide, vraiment? Enfin, sans autre personnage avec qui échanger; on constatera bien vite, après tout, que le navire est habité non seulement par de sombres personnages qui semblent surveiller nos mouvements, de près ou de loin, mais aussi par les propres pensées du joueur, qui plonge peu à peu dans la folie.
Sans grande surprise, l’équipe derrière le jeu a opté pour une structure similaire à celle de Layers of Fear: le personnage principal se déplace dans divers pièces, amassant au passage certains indices qui permettent d’en apprendre plus long sur l’intrigue. Et bien entendu, on constate une dégradation graduelle du décor: la moisissure s’infiltre, les bruissements inquiétants gagnent en intensité, et, peu à peu, l’horreur s’installe.
Hélas, là où le premier titre de la série représentait une variation intéressante sur le thème du « simulateur de marche » – les fameux walking simulators – en y ajoutant une bonne dose d’horreur et de manipulations psychologiques pour créer un monde effrayant et pernicieux, Layers of Fear 2 rate la cible en s’appuyant sur les mauvais mécanismes de jeu. Plutôt que de créer une ambiance horrifiante, on est plutôt appelés à jouer à Ouverture de portes: le simulateur, avec, ici et là, de détestables jump scares et des séquences de poursuite inutiles qui jurent avec l’esprit du jeu.
En réutilisant l’idée qu’un corridor, ou une série de pièces connectées peuvent représenter un univers fermé, comme dans le titre original, où le plan du manoir changeait constamment, les changements en question entraînant une avancée dans un monde instable et oppressant, les développeurs de Bloober Team s’en servent ici comme simple prétexte pour épargner, sans doute, l’engin graphique et ne matérialiser qu’une toute petite section du navire. Le tour de passe-passe était certainement également utilisé dans le premier jeu, mais ici, cette impression de ne servir qu’à ouvrir des portes est renforcée par la pauvreté de la construction scénaristique.
Pour revenir (encore!) à Layers of Fear, on y interprétait un grand artiste peintre, devenu reclus depuis la mort de sa fille et de sa femme, et qui plonge peu à peu dans les méandres de sa propre psyché pour tenter d’en extraire une vérité. Ici, qui joue-t-on? En près de deux heures de jeu, peu ou pas d’indices nous sont donnés sur l’identité de ce personnage anonyme. On se contente d’aller de pièce en pièce, de tenter de déverrouiller toutes les portes qui se présentent à nous, et d’endurer, de temps en temps, certaines surprises scriptées ou des monstres qui tuent instantanément.
Ne parlons même pas des « énigmes », qui oscillent entre les casse-tête dont la solution se trouve à quelques pas et ceux qui donnent l’impression d’être évidents pour les développeurs, mais particulièrement obscurs et inutilement complexes pour le commun des mortels.
Bref, si Bloober Team a de nouveau produit un jeu dont la beauté est franchement intéressante, tout le reste transforme l’expérience en une tâche ennuyante aux allures de corvée. À éviter. Jouez plutôt à l’original, s’il est absolument nécessaire d’avoir droit à une dose de walking simulator d’horreur.
Layers of Fear 2
Développeur: Bloober Team
Éditeur: Gun Media
Plateformes: PlayStation 4, Xbox One, Windows (Steam); testé sur Windows
Jeu disponible en français (interface et sous-titres)
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