Le réalisateur russe Ivan I. Tverdovsky est de retour pour un troisième long-métrage, malaises et expérimentations en sus. Jumpman, présenté dans le cadre du Festival du nouveau cinéma (FNC), mêle superpouvoirs et mésadaptation sociale pour offrir un film inégal, mais néanmoins prenant.
Abandonné à la naissance, Denis a passé sa vie dans un orphelinat coincé quelque part dans la forêt russe. Là-bas, le jeune homme presque majeur est martyrisé par ses « amis », lui qui ne ressent pas la douleur de façon « normale ».
Débarque alors sa mère, qui l’a déposé dans une « trappe à bébé » alors qu’elle n’avait que 16 ans. Cette fois, elle fraye avec des éléments peu recommandables de la société qui pousseront rapidement notre héros à participer à des tentatives de fraude visant à remplir les poches de certains éléments de la police et du système de justice. En se faisant frapper par des gens de la haute société russe, Denis comprend rapidement qu’entre souffrir le martyr à l’orphelinat ou souffrir le martyr dans les rues de la grande ville, il n’y a finalement pas beaucoup de différences.
Pratiquement tourné en caméra à l’épaule, supposément sur un budget de crève-faim, Jumpman tourne bien souvent les coins ronds, et cela se voit. Les scènes se déroulant au tribunal, où l’avocate de la défense commise d’office va littéralement se limer les ongles pendant que son client ou sa cliente s’époumone dans le box des accusés, sont un peu ridicules. Idem pour les scènes où la mère semble sur le point de coucher avec son fils, se promenant allègrement en sous-vêtements dans la maison qu’elle partage avec sa progéniture, et se collant constamment contre ce dernier.
On comprend ici ce que le cinéaste souhaite évoquer – cette disparité entre le monde protégé mais isolé de l’orphelinat et le monde cruel et violent à l’extérieur. Ce que l’on comprend peut-être un peu moins, c’est cette obsession à nous imposer cette dichotomie. Une fois, passe encore, mais la subtilité ne semble pas être l’apanage de M. Tverdovsky. Et c’est bien dommage, d’ailleurs. Car il y aurait beaucoup à dire sur cette représentation de la société russe, ses travers, cette critique du système tout aussi poutinien que soviétique, ou encore tsariste.
Si l’on considère Jumpman comme une oeuvre parcellaire, la plus récente étape dans un parcours cinématographique qui se poursuit, alors son côté inachevé, ses coins ronds, tout cela fonctionne. À prendre, peut-être, pour ce qu’il est: un film présenté dans le cadre d’un festival, et dont le succès en salle ordinaire serait improbable, au mieux.
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