C’est aux éditions Métailié qu’on retrouve le plus récent roman de l’Islandais Gudbergur Bergsson, Il n’en revint que trois. Rappelons que Bergsson publie depuis 1961 et qu’il a déjà une vingtaine d’ouvrages à son actif, en plus de ses traductions.
Dans ce roman, traduit de l’islandais par Éric Boury, point de suspense, pas beaucoup de détours, mais plutôt une longue ligne droite, la ligne du temps, qui part d’une petite ferme anonyme sur la côte islandaise et qui, irrémédiablement, y revient. C’est le récit d’une famille atypique, plutôt dysfonctionnelle, qui a attiré sur elle, sans le vouloir, le dévolu de quelques étrangers: un Allemand qui s’installe dans une grotte pour s’y cacher et deux Anglais, amoureux des grands espaces qui ont pris la peine d’apprendre l’islandais pour mieux s’approcher de l’habitant.
Dans cette période qui précéda la Deuxième Guerre mondiale, alors que la petite ferme attire la curiosité et la bienveillance des étrangers, ses habitants souhaitent plutôt la quitter par tous les moyens, attirés par la modernité des villes, par une promesse d’un avenir meilleur.
Ceux qui n’osent pas partir, partagent un quotidien fait de frustrations refoulées, ou pas. Les quelques lueurs d’espoirs qui pointent à l’horizon sont rapidement éteintes, comme la flamme d’une bougie sous l’effet d’un courant d’air glacial.
Les personnages imaginés par l’auteur sont, malheureusement, vraisemblables et crédibles. La qualité du style, malgré quelques longueurs, et la force des descriptions de l’environnement, viennent diminuer quelque peu la déprime ambiante qui pèse de tout son poids à presque chacune des pages.
Fait à noter, la description de la réalité islandaise autour de la Deuxième Guerre mondiale est remarquable par son angle d’approche et par son efficacité. Les inquiétudes du qui-vive d’avant-guerre, l’enrichissement facile durant l’occupation par les forces alliées, l’opportunisme des insulaires à travers tout cela, sont décrits avec une économie de mots qui fait envie.
En bref, tout ce qu’il y a de réjouissant dans ce livre, mais c’est amplement suffisant pour en recommander la lecture, c’est le talent de l’auteur.
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