Intense à souhait, The Foreigner ou L’étranger en version française, est probablement la meilleure réponse à votre question si vous vous êtes un jour demandé ce que donnerait un film à la Liam Neeson, mais avec Jackie Chan dans le rôle-titre. Sans se défaire de plusieurs cascades physiques, la vedette internationale endosse avec grand dévouement un rôle beaucoup plus sombre que ce à quoi il a habitué son public.
On connaît la rengaine: un homme qui n’a rien à perdre décide de se venger quand on lui prend la seule raison qui lui restait de vivre. C’est tout autant John Wick que des milliers d’autres titres du même acabit. Pourtant, grâce à la fluidité de Martin Campbell, celui-là même capable du satisfaisant comme du très pire alors qu’on lui doit autant Casino Royale que Green Lantern, The Foreigner réussit à se frayer un chemin pour justifier son existence, ce malgré ses nombreux fils blancs et plusieurs raccourcis qui ne sont pas toujours les plus convaincants.
Mélangeant les genres et les styles, mais gardant constamment l’accent sur le suspense et l’action, le film mêle habilement film de vengeance et traque terroriste dans un thriller sombre et moderne, violent et sanglant à souhait. Réalisateur caméléon, Campbell aime bien s’inspirer de ses confrères et on ne cachera pas qu’il semble vraisemblablement s’inspirer de Nicolas Winding Refn dans le film qui nous intéresse. Retrouvant l’aisance dans le ton et la forte violence graphique et gratuite en apparence du réalisateur danois, il en a d’ailleurs profité pour emprunter son excellent compositeur Cliff Martinez qui tisse ici une admirable trame sonore qui élève sans contredit la qualité du long-métrage.
Grâce aux envolées de ses compositions qui empruntent encore beaucoup aux synthétiseurs, le film s’enveloppe d’une atmosphère unique qui fait constamment grandir un sentiment d’urgence et de tension qui nous rive au bout de notre siège. Dans une course contre à la montre aux abords farfelus, on s’emmêle dans la quête de justice d’un vieil homme qui veut faire payer ceux qui lui ont fait perdre sa fille, s’en prenant à un homme politique qui ne semble pas tout à fait relié à cette histoire.
Sauf qu’évidemment, le film a plus d’un tour dans son sac. Surtout en se permettant d’offrir la chance au succulent Pierce Brosnan de jouer également à contre-emploi, ce dans un rôle cruel qu’il interprète avec un plaisir évident. De le voir dans un jeu du chat et de la souris qui rappelle davantage le Road Runner et le coyote ou encore Tom et Jerry dans ce grand chaos de pièges et d’explosions, on ne prêche certainement pas par réalisme, bien qu’on tente d’aspirer au climat de peur et de terreur actuel.
Néanmoins, le film s’écoute avec beaucoup de facilité, histoire de voir comment s’emboîtent toutes ces pièces qui apparaissent comme étant fort disparates au premier regard. Ce, en plus d’avoir aisément la scène la plus involontairement hilarante depuis belle lurette dans un aéroport.
S’il n’y a aucun supplément sur l’édition DVD, le disque Blu-ray contient néanmoins quelques segments bonis, dont des entrevues avec plusieurs membres de l’équipe.
The Foreigner est donc un excellent divertissement bien de son époque. Un thriller tendu et sans compromis qui est prêt à tout pour aller jusqu’au bout de ses idées, bien que celles-ci soient toujours sur la mince ligne entre le convenu et le ridicule. Sauf qu’avec un bon rythme, des interprètes dévoués et une trame sonore d’enfer, disons qu’on pourrait bien facile subir pire et qu’on en ressort ici, et ce contre toutes attentes, surprenamment satisfaits.
6/10
The Foreigner est disponible en DVD et en Blu-ay via VVS Films depuis le 23 janvier dernier.
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