Le récent opus de Carlo Bonini et Giancarlo De Cataldo, paru aux Éditions Métailié, dans la collection Noir, s’intitule Rome brûle. Si on devait résumer l’intrigue, on pourrait dire qu’il s’agit d’une transposition du phénomène québécois de la corruption et de la collusion dans le secteur de la construction, dans le même milieu en Italie, et plus précisément à Rome.
En effet, les auteurs, journaliste d’investigation pour le premier et magistrat à la cour de Rome pour le second, établissent le contexte en nous présentant comment la mafia contrôle les différents chantiers de construction et les grands projets. Le grand patron des mafieux de la construction est sous les verrous et son adjoint tente de gérer ses affaires au mieux en attendant le résultat des différents recours tentés par le Samouraï pour quitter sa geôle par des moyens légaux.
Mais voilà que le pape en exercice, l’enthousiaste François, décide d’organiser un jubilé dans la Ville éternelle. Dès lors, tout le monde se met à saliver à l’idée des commissions occultes et surtout impressionnantes qui ne pourront manquer d’être à la clé. « Un chum c’t’un chum » ? Peut-être au Québec, mais il semble que ce ne soit pas le cas à Rome. Il faut dire que là-bas, le patron de la mafia de la construction est carrément appelé le chef de la ville. Mais comme il est en prison, ce patron, c’est son dauphin qui va tenter de prendre de la graine, sans lésiner sur les moyens légaux, illégaux et même mortels. On ne fait pas dans la dentelle.
Ce patron en puissance, donc, ne va pas seulement menacer, mais il tentera aussi de créer des alliances, autant avec les brigands qu’avec des politiciens corrompus, un maire idéaliste, une députée charmante et ambitieuse et un sénateur sur le retour.
Dans un style direct et efficace, les auteurs nous tracent un portrait sombre du monde municipal romain. Ça ne se lit pas vraiment comme un suspense, mais on a envie de passer à la page suivante. L’histoire sentimentale qui se tisse entre les deux principaux protagonistes est plausible… et sans avenir. Les références profondément romaines sont parfois difficiles à suivre pour les non-initiés. Cependant, le regard posé sur le mouvement Cinq étoiles est plutôt rafraîchissant.
Bien écrit, peut-être plus réaliste qu’on pourrait le penser, ce livre nous présente un monde où l’espoir a bien peu de place. Un vrai roman noir.