Jeudi soir dernier, à la Maison de la culture Maisonneuve, la compagnie musicale La Nef présentait Chants du Pays d’Oc. Sous la férule de Pierre-Alexandre St-Yves, c’est à un voyage de tous les temps que les quatre musiciens nous ont conviés.
Bien sûr, les textes de chansons en occitan et les mélodies d’origine, ça nous fait remonter le temps. Par ailleurs les arrangements à saveur de jazz ou de musique actuelle d’Europe de l’Est, ça nous ramène au présent. En plus, quand on associe le bouzouki, la rauschpfeife, la contrebasse, le chalumeau, la batterie et la flûte à bec, voilà de quoi désarçonner, mais surtout réjouir un auditoire venu chercher de la chaleur humaine et musicale.
De la chaleur humaine, il n’en manque pas, avec la captivante et drôle animation de Pierre-Alexandre St-Yves. Cet amoureux de la musique occitane a le chic de nous intéresser aux poésies populaires du Pays d’Oc, en les racontant, en les jouant et surtout en les chantant. Il n’est pas le seul à faire les voix dans ce spectacle, mais il est de loin le plus doué pour la chose, avec une voix chaude, claire et assurée. Son comparse de La Nef, Andrew Wells-Oberegger, pousse la note correctement, mais s’illustre surtout par se versatilité d’instrumentiste. Ainsi, l’interprétation a capella de L’abandonada nous a laissé penser que le percussionniste Isaiah Ceccarelli et le contrebassiste Mathieu Deschenaux étaient plutôt loin de leur zone de confort. Malgré cela, ce solo avec chœur était tout à fait charmant.
Le reste du programme comprenait treize autres œuvres, la plupart chantées et quelques-unes instrumentales. À part La borreia (la bourrée) où la batterie était parfois trop forte, les arrangements et l’interprétation étaient de haut calibre.
Comme l’expliquait le meneur de cette joyeuse bande, les textes et les mélodies occitans ont été préservés et le choix des instruments et des arrangements s’est fait de façon plutôt libre. Ce qui nous a donné, entre autres, une introduction de style progressif, des accents à la Gadji-Gadjo et de nombreuses mesures jazzées.
Sans se prendre au sérieux une seule minute, les quatre musiciens ont montré qu’ils étaient sérieusement préparés pour cette prestation et le public en a redemandé. C’est le genre de spectacle qu’on aimerait revoir, au moins une fois par an, histoire de décrocher complètement, hors du temps, hors de l’hiver.