Le 9 octobre dernier, à la Salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal, avait lieu le premier concert de la 35e saison de l’ensemble de musique baroque Arion. Pour cette occasion, la direction artistique a choisi d’inviter le violoniste Enrico Onofri et la mezzo-soprano Mireille Lebel pour un programme consacré entièrement à Antonio Vivaldi. À ces deux interprètes de choix, est venue s’ajouter Claire Guimond, flûtiste et directrice artistique d’Arion.
Le programme était ainsi conçu qu’on a pu avoir l’impression d’assister à deux concerts pour le prix d’un. Après le court Concerto Alla rustica en sol majeur pour cordes et basse continue RV 151, est entrée en scène la surprenante Mireille Lebel dans l’aria Gelido in ogni vena, tirée de l’opéra Farnace. Dès les premiers sons de sa voix, l’auditoire s’est figé, pour ensuite être parcouru d’un frisson collectif. Quelle expérience!
Madame Lebel possède une maîtrise vocale qu’on ne retrouve pas souvent chez une personne aussi jeune. Voilà une voix pleine de rondeur, de profondeur, de chaleur et d’intensité. Le public a réellement été conquis par sa grâce, sa fougue et sa versatilité. Autant la mezzo-soprano s’est montrée dramatique dans son interprétation de l’extrait de Farnace, autant elle a su montrer toute la légèreté attendue dans le motet Sum in medio tempestatum RV632. Très chaudement applaudie dès sa première prestation, Lebel a tellement charmé l’auditoire avec sa virtuosité dans ce premier mouvement que de nouveaux applaudissements n’ont pu attendre la fin du motet avant de crépiter. La première partie de ce concert s’est bien sûr terminée par une ovation. Si la soirée s’était arrêtée là, nous en aurions déjà eu pour notre argent.
Mais c’est plutôt deux fois qu’une que le public a été choyé. À sa troisième collaboration avec Arion, le soliste et chef invité Enrico Onofri nous a prouvé qu’il était encore possible de revisiter l’œuvre du champion de la musique à programme. Ses choix de tempi, entre autres dans le Concerto en mi majeur pour violon, cordes et basse continue Op.VIII n.1 La Primavera, sont créatifs et contribuent à donner encore plus de caractère à une œuvre qui en a déjà beaucoup. Mais c’est aussi dans l’interprétation de ce concerto, dans son deuxième mouvement, que le jeu de l’altiste a présenté des attaques incertaines et inégales. Toutes les autres pièces ont été interprétées avec maîtrise et connivence de l’ensemble et avec la virtuosité du soliste invité.
Un mot, par ailleurs, pour souligner la prestation énergique et joyeuse de madame Guimond du Concerto en ré majeur pour flûte, cordes et basse continue ‘Il Gardellino” F.VI no.14 qu’elle connaît bien.
Pour terminer, le public, déjà ravi, a eu droit en rappel à un extrait du concerto « L’hiver » et à la reprise, avec Mme Lebel, de l’Alleluia chanté plus tôt.