À l’occasion du 60e anniversaire du Théâtre de Quat’Sous, le lieu de création et de diffusion culturelle de l’avenue des Pins se donne des airs de fête, et présente ainsi Variations sur un temps, un ensemble de pièces écrites par David Ives.
Ensemble de cinq pièces traduites par Maryse Warda et mises en scène par Éric Jean, le directeur artistique et général du théâtre, Variations sur un temps regroupe six comédiens (Émilie Bibeau, Anne-Élisabeth Bossé, Simon Lacroix, Daniel Parent, Geneviève Schmidt et Mani Soleymanlou) dans ce qui pourrait sans doute être décrit comme un croisement entre le vaudeville, le théâtre d’été et la farce sociétale à prendre au second degré.
Pièce à « sketchs », donc, l’oeuvre de David Ives fait certainement rire: on y parle du « politiquement correct », des méthodes de séduction employées par les « cruiseurs » du dimanche, du vedettariat, du surréalisme de l’existence… Le tout dans un habillage très direct, très premier degré. Et le tout fonctionne: la salle s’esclaffe. D’ailleurs, l’auteur veut-il nous faire rire, ou nous faire réfléchir?
Soulignons, entre autres, l’excellent segment intitulé C’est sûr, où un Mani Soleymanlou tente de draguer Émilie Bibeau, en naviguant entre divers choix de conversations, un peu à la manière d’un livre dont vous êtes le héros. Particulièrement drôle, cette séquence révèle malgré tout que Mme Warda, à la traduction, connaît le public du Quat’Sous. Ainsi, on flatte l’habitant du Plateau dans le sens du poil. Tout y passe: les fédéralistes, les conservateurs, les gros machos, les amateurs de violence, les pseudo-intellectuels, tous sont tournés en ridicule. Pas que ce soit nécessairement une mauvaise chose, mais les spectateurs ont-ils pris tout cela avec le grain de sel nécessaire? Idem pour Le Drummondville, où les villes autres que Montréal sont tournées en ridicule, particulièrement, bien sûr, la présumée capitale de la poutine. Mais Québec y passe aussi, au grand plaisir du public.
La pièce prend toutefois ses distances de la comédie à l’arrière-goût acide avec Philip Glass à la boulangerie, un véritable numéro dansé et chanté digne d’une soirée cabaret. À partir d’une prémisse un peu absurde – le célèbre compositeur va acheter du pain -, on tombe dans la danse, la musique… bref, une finale stupéfiante qui déteint comparativement au reste de la pièce.
Au final, que penser de ces Variations sur un temps? Une oeuvre intéressée, bien qu’étriquée et quelque peu confuse par moments. Une soirée agréable, mais dont les thèmes passent peut-être au-dessus de la tête du public. À moins que l’on ne cherche quelque chose qui n’existe pas?